Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Réinvestigation

Sur la base de sources publiques, retour sur des affaires restées énigmatiques.


L'ASSASSINAT DE JOHN FITZGERALD KENNEDY (V)

Publié par Riparius sur 6 Avril 2022, 13:36pm

 

12 h. 43 : Le Rambler arrive au pied du Grassy Knoll, embarque Oswald, repart, franchit le Triple Underpass, puis continue en direction d’Oak Cliff, via Commerce Street.  

12 h. 49 : Le taxi transportant le faux Oswald est aperçu par Tippit, qui effectuait le guet, depuis son véhicule à l’arrêt, dans une station-service, à la sortie sud du viaduc de Houston Street. Tippit se met aussitôt en route, non pas exactement dans le sillage du véhicule, mais dans la direction du lieu du rendez-vous (faux rendez-vous) avec Oswald, vraisemblablement quelque part dans l’une des quatre rues suivantes : East 10th Street, East 9th Street, East 8th Street et West 10th Street (éventail de lieux justifié par le fait qu’il n’existe pas de témoin l’ayant vu rouler vers l’ouest, sur l’une des trois premières rues, que, pour autant, il a nécessairement empruntée, avant de franchir Beckley Avenue et de rouler sur West 10th Street, où il a été vu par James Andrews ; le passage par cette dernière ayant pu se justifier soit par le fait que c’était le lieu du rendez-vous, soit par le fait que c’était l’un des itinéraires pour atteindre, depuis l’une des trois premières, Bishop Street, puis Jefferson Boulevard, où se trouvait le magasin où il a été vu téléphoner, aux alentours de 13 h.). Il ne se met pas dans le sillage du taxi, puisqu’il doit éviter d’être vu en train de le suivre, jusqu’aux abords de l’intersection de Beckley Avenue et 10th Street, où il pense qu’il s’apprête à déposer directement Oswald, comme il en a été convenu. Il quitte donc Zang Boulevard, par Lancaster Avenue (que des témoins de la station-service l’ont vu prendre et d’où il enverra un dernier message radio, à 12 h. 54, aux abords de 8th Street). Lui et le piéton Oswald ne doivent pas se rater dans la rue prévue pour le rendez-vous, raison pour laquelle il est préférable que leur arrivée dans la rue et le sens dans lequel ils la parcourent soient opposés, car, en se faisant face, ils augmenteront leur chance de ne pas se rater et ne pourront se croiser prématurément : pour l’un – Oswald – arrivée par l’ouest et parcours vers l’est, pour l’autre – Tippit – arrivée par l’est et parcours vers l’ouest. Jusqu’à l’instant et le lieu du rendez-vous, ils n’auront aucune occasion de se croiser ou de se suivre. Tippit a donc tout lieu de quitter, en trombe, comme il le fait, la station-service : depuis cette dernière, 6 minutes vont suffire au taxi pour rejoindre les abords de 10th (ou 8th ou 9th) Street, par Beckley Avenue. Cette célérité de Tippit tend à prouver, outre le stress dû à la difficulté de la mission à remplir, que l’heure du rendez-vous (faux rendez-vous) était très proche et qu’elle était à respecter, de la manière la plus stricte, comme nous le verrons. De son côté, le chauffeur du Rambler doit sans doute ignorer qu’Oswald a ensuite rendez-vous (du moins, ignorer l’endroit où le rendez-vous doit avoir lieu, dans la mesure où, comme nous l’avons vu, il pourrait avoir eu pour tâche de l’informer d’un changement d’horaire) ; raison pour laquelle il va le quitter définitivement, après l’avoir déposé, à proximité de l’entrée de son domicile.

12 h. 53 : Oswald est chez lui, où il change de vêtements (Il est, en effet, très probable qu’il enfile, outre un nouveau pantalon – noir, en remplacement d’un gris sombre – une nouvelle chemise, comme il le déclare, lors de ses interrogatoires des 22 et 23, car, si la chemise qu’il portait au Texas Theatre, au moment de son arrestation – comme l’attestent les photographies le montrant empoigné par des policiers, à la sortie du Theatre – n’est pas sans pouvoir être similaire à celle vue et décrite par Baker, nonobstant que celui-ci n’a manifestement pas eu l’attention portée sur elle, ni même retenue par elle, qu’il a même pris pour une veste, étant donné qu’elle était pendante et sans doute d’une étoffe grossière, et dont il donne approximativement, pour ne pas dire hypothétiquement, la couleur : « it seemed to me it was a light-colored brown, but I couldn’t say it was that or not », elle ne correspond pas pleinement à celle que, lors de son interrogatoire du matin du 23, selon le rapport de Thomas J. Kelley, Oswald déclare avoir porté, depuis le matin : une « chemise rouge à manches longues » – « longsleeves red shirt » – qu’il décrit, néanmoins, aussi, plus précisément être « de couleur rougeâtre » – « of reddish color » – nuance qui la rend compatible avec la WCE 150 ; outre qu’il est très probable qu’il a quitté le TSBD, en tee-shirt blanc, tout en emportant peut-être sa chemise avec lui, et que Craig a été conditionné ou trahi par la commission Warren – comme il explique l’avoir été, en quatorze points de sa déposition – à parler de lui comme quittant le Grassy Knoll, en « chemise beige clair, autant que je m’en souvienne » – « light tan shirt, as I remember it » – description que, pour autant, il semble faire spontanément et de sa propre initiative, et sur laquelle il ne revient pas dans le manuscrit de son ouvrage – qui, au cours de ses diverses copies non autographes, dont celle dont nous nous servons, a néanmoins pu connaître des altérations – se contentant d’y parler d’« une chemise de travail à manches longues » – « a long sleeved work shirt » – texte du manuscrit qui peut, néanmoins, témoigner d’un doute persistant, nonobstant que, devant Barry Ernest, en 1968, il colore – faiblement, pourrait-on dire – cette chemise : « une chemise de travail bleu-clair pali » – « a faded light-blue work shirt » – « The girl on the stairs », p. 125 – mention qui n’en reste pas moins antérieure au manuscrit, écrit en 1971, que vient, d’ailleurs, renforcer son interview par Gandolfo, en 1974, dans laquelle, au moment de retracer son action sur Dealey Plaza, il ne donne aucune description des vêtements de l’homme entrant dans le Rambler, comme si, tout compte fait, dans ces dernières années, il s’était résigné à la prudence, au moment où un souvenir clair et précis lui faisait toujours, si ce n’est plus que jamais, défaut… à propos d’une chemise dont, au demeurant, on rappellera qu’Oswald pourrait l’avoir portée entièrement déboutonnée et pendante ou en bandoulière, compliquant ainsi la perception aussi bien du type que de la couleur de l’habillement du haut, en un court laps de temps et dans l’agitation régnant alors sur Dealey Plaza. De plus, s’il s’apprête à effectuer un long voyage, ce changement de vêtements – y compris le tee-shirt, comme l’indique une note manuscrite de Fritz du matin du 23 – détail qui pourrait avoir été ensuite censuré, pour accréditer qu’il n’avait enfilé des vêtements que précipitamment, dans l’unique intention de changer d’apparence – est très probable.  À noter, enfin, que, s’il a changé de chemise, il a dû mettre dans une poche de la nouvelle le ticket de correspondance de bus, puisque ce ticket est censé y avoir été retrouvé, dans les locaux de la police, comme l’annonce en sera faite, le 23 ; la validité de ce ticket étant d’une heure, il aurait donc eu l’intention ou, à la rigueur, se serait réservé la possibilité, d’utiliser le bus ; or, puisque aucun chauffeur ou passager de bus ne l’a vu dans un bus, à Oak Cliff, cet après-midi-là, l’hypothèse qu’Oswald n’a jamais obtenu d’un chauffeur ce ticket et qu’il ne le possédait pas, au moment de son arrestation, s’en trouve renforcée. Au chapitre 10 de son ouvrage, K. Myers émet l’hypothèse suivante : lorsqu’il marchait vers l’ouest sur 10th Street – comme nous le verrons – il arrivait de la direction de Marsalis Avenue, où son ticket lui aurait permis d’avoir pris une correspondance pour un bus menant à une station où un embarquement pour le Mexique était possible, ce qu’aurait pu le dissuader de faire la présence d’un véhicule de police, à ce moment, dans les environs de Marsalis Avenue et Jefferson Boulevard, qu’atteste une communication radio dudit véhicule… hypothèse qui, entre autres, implique d’abandonner le témoignage du chauffeur Whaley, au contraire de ce que semble disposé à faire l’auteur…). Pour parachever son changement de vêtements, il endosse un blouson gris clair à fermeture éclair, ne serait-ce que parce qu’il vient de laisser au TSBD le blouson bleu (à doublure grise) qu’il avait porté, en allant au travail (comme peut, à la rigueur, sembler en témoigner Mrs Randle, à la différence de son frère Buell Frazier, devant la commission Warren). Il prend son revolver Smith and Wesson (si ce n’est pas Ruby ou un autre qui, comme nous l’avons vu, lui a procuré auparavant celui que l’on retrouvera sur lui) et attend le signal prévu pour sortir. Un blouson identique (sans doublure bleue) sera retrouvé par des policiers, vers 13 h. 25, sous un véhicule garé sur un parking situé derrière la station-service, à l’angle nord-est de Crawford Street et Jefferson Boulevard, sur l’itinéraire qui est censé l’avoir conduit au Texas Theatre, où il sera arrêté sans blouson, et avec des papiers dont la plupart étaient au nom de Lee Harvey Oswald. Ce blouson retrouvé ne contenait sans doute pas le portefeuille qui, selon l’agent du FBI Robert M. Barrett, contenait des papiers au nom de Lee Harvey Oswald et d’autres au nom d’Alek James Hidell (le pseudonyme sous lequel des documents sont censés attester qu’il avait commandé le Mannlicher-Carcano et le revolver Smith and Wesson, l’hiver précédent – cf. WCR, p. 120 et WCD 7, 179-231), ou, comme l’a prétendu le sergent Kenneth H. Croy, lors d’une interview en 2009, sept cartes différentes portant chacune un nom différent, mais aucune la photo ou le nom d’Oswald, deux variantes pour un même portefeuille censé avoir été trouvé sur le lieu du meurtre de Tippit, comme le soutiennent, à l’époque, l’agent du FBI Barrett, le capitaine William R. Westbrook et son coéquipier, le sergent Croy, tous présents sur les lieux : Croy prétend l’avoir reçu d’un inconnu qui l’avait manifestement précédé sur la scène du crime, puis l’avoir remis à son chef Westbrook, qui, selon Barrett, au moment de l’inspecter, lui demanda s’il connaissait un nommé Oswald ou un nommé Hidell, lui laissant ainsi comprendre qu’il s’agissait de noms figurant sur les papiers, une scène filmée sur le lieu du meurtre montrant, d’ailleurs, en gros plan, un portefeuille examiné par un groupe d’enquêteurs, dont l’un d’eux – sans doute Westbrook – finit par le ranger dans un sac (cf. Myers, « With malice », ch. 9) (À l’encontre du témoignage tardif de Croy, Armstrong pense que le rôle de ce portefeuille était de permettre à Westbrook de faire officiellement le lien entre le meurtre de Tippit et l’individu nommé Lee Harvey Oswald, arrêté au Texas Theatre, les deux cartes militaires au nom d’Alek James Hidell et Alex James Hidell présentes dans ce premier portefeuille ayant probablement été, ensuite, toujours selon Armstrong, ajouté au contenu du portefeuille retiré par le policier Paul Bentley d’une poche arrière du pantalon d’Oswald, après son arrestation. Toujours selon lui, Westbrook et Croy étaient les occupants de la voiture de police garée dans l’allée juste en face de la scène du crime, que seule a pu voir Doris Holan, habitant juste en face, de l’autre côté de la rue. Westbrook, habillé en civil, fut l’homme qu’elle et Frank Wright virent s’approcher du corps pour l’inspecter, avant de s'enfuir, homme que Wright décrit comme portant « un long manteau [qui] se terminait juste au-dessus des mains » – ajoutons qu’il pourrait avoir été celui que, devant la commission Warren, dit avoir vu Barbara Davis, au moment de sortir de sa maison, après qu’elle eut été tirée de sa sieste par les détonations : un homme armé portant « un manteau sombre » – « dark coat » – et contournant sa maison, par l’ouest, chemin qui lui permettait de rejoindre l’allée où se trouvait la voiture – à moins que le témoignage de Davis ne mêle du vrai et du faux, s’il est vrai que l’homme revint directement sur ses pas, dans l’allée, comme l’a dit Holan – homme qui pourrait donc n’avoir pas fait qu’inspecter la victime, mais qui pourrait s’être assuré de sa mort, en lui infligeant la balle qui sera retrouvée dans la tête, les longues manches du manteau ayant pu dissimuler un pistolet. Auparavant, selon Armstrong, le capitaine et le sergent venaient de déposer Oswald au Texas Theatre, après l’avoir pris à son domicile – cf. « The pre-arranged murder of J. D. Tippit » – Quant à nous, nous pensons que, parti de son domicile, par ses propres moyens, pour se rendre sur East 10th Street, à la rencontre de Tippit, Oswald était attendu, en embuscade, par les occupants de la voiture de police, embuscade qu’il a su éviter, en ayant deviné, de loin, le danger, à la vue de ce qui lui parut être un cadavre au sol et/ou à la vue du mouvement erratique des premiers témoins, et en allant, pour finir, se réfugier au Texas Theatre) ; à supposer que le portefeuille n’eût pas été apporté sur la scène du meurtre (par Croy et Westbrook ou par quelqu’un d’autre), il aurait donc été trouvé dans une poche de Tippit ou dans sa voiture, voire sur l’itinéraire de la fuite du tueur, dans la mesure où aucun des premiers témoins arrivés sur les lieux, y compris les ambulanciers, n’affirme l’avoir vu. Si c’est bien Oswald qui s’est débarrassé du blouson, il pourrait avoir soupçonné que le meurtrier de Tippit avait commis son crime, en portant le même blouson que lui (ce que semblent confirmer la plupart des témoins, qui parlent d’un meurtrier habillé d’un blouson clair, le témoignage le plus probant, réitéré à diverses occasions, étant celui de Ted Callaway, qui le vit, de près, et parle d’une « veste coupe-vent gris clair » – « light tannish gray windbreaker jacket » – portée par un homme fuyant, arme au poing, vers le sud, sur Patton Avenue… et ce que semble aussi confirmer le chauffeur de taxi, Whaley, lorsque, devant la commission Warren, il affirme que son client portait un blouson gris… quoiqu’en finissant par hésiter à dire l’avoir vu gris ou bleu, et même par dire avoir vu deux blousons, l’un bleu, l’autre gris, le second porté sur le premier…). Peut-être Oswald avait-il été obligé d’informer Tippit et leurs « supérieurs » à tous deux de la façon dont il serait habillé, lors du rendez-vous, au prétexte de pouvoir être plus facilement reconnu. Au demeurant, Warren Allen Reynolds, qui, avec trois de ses collègues, avait été lui aussi témoin de la fuite du tueur (depuis le magasin de vente de voitures d’occasion dont ils étaient employés, situé à l’angle de Jefferson Boulevard et Patton Avenue), déclara, dans un premier temps – d’abord, non officiellement, puis, officiellement, à l’occasion d’un premier interrogatoire par le FBI, le 21 janvier 1964 – qu’il n’était vraiment pas sûr, si ce n’était qu’il était sûr du contraire, que l’homme qu’il vit descendre Patton Avenue, en courant, arme au poing, emprunter Jefferson Boulevard puis tourner vers l’arrière de la station-service, était Oswald – homme qu’il a, d’ailleurs, décrit comme portant un « blouson bleuâtre » (« bluish jacket ») – puis, plus tard, devant le FBI et la commission Warren, après avoir été l’objet d’une tentative d’assassinat, le 23 janvier 1964, et de diverses intimidations, qu’il était sûr qu’il s’agissait d’Oswald (cf. Robert J. Groden, « The search for Lee Harvey Oswald », p. 133) (Les époux Brock, gérants de la station, appuieront partiellement son témoignage, devant le FBI, en janvier 1964, en assurant avoir vu un jeune homme blanc, habillé d’un blouson légèrement coloré, mains dans les poches, passer, d’un pas rapide, devant le bâtiment est de la station et gagner le parking, à l’arrière). Pour autant, ayant suivi le fugitif, jusqu’à la station, pour finalement le perdre de vue, au moment de le voir disparaître derrière l’un des deux vieux magasins désaffectés adjacents à la station, à l’est (bâtiments qui seront fouillés, en vain, par la police, dans l’heure suivante… et rasés, pendant l’hiver…), il n’a pas pu le voir se débarrasser éventuellement du blouson sur le parking – sous une voiture située à une cinquantaine de mètres à l’opposé des magasins désaffectés, ce qui peut d’ailleurs être un indice supplémentaire que le blouson finalement retrouvé sous cette voiture n’était pas le sien : autant d’éléments qui n’excluent donc pas une possible pure coïncidence entre un Oswald arrivant par Crawford Street et se débarrassant de son blouson, derrière la station, et un tueur arrivant par Jefferson Boulevard et passant, quelques minutes plus tard, à peu près au même endroit, avant d'emprunter une voiture ou de trouver momentanément refuge dans un recoin du quartier. Indépendant de la station, le parking communiquait avec elle, possédait une autre entrée, sur Crawford Street, et était longé, au nord, par une ruelle. Pour avoir inspecté le parking et scruté la ruelle, en vain, Reynolds est resté convaincu que le fugitif est demeuré caché dans la zone, en l’occurrence dans l’un des magasins désaffectés. Deux autres témoins, Jimmy Burt et Bill Smith, qui s’étaient mis à suivre le fugitif, d’abord en voiture, depuis l’intersection de 10th Street et Denver Street, puis à pied, depuis l’intersection de 10th Street et Patton Avenue, affirment l’avoir vu, à l’extrémité ouest de la ruelle, depuis son extrémité opposée, sur Patton Avenue. Dans une interview accordée le 16 décembre 1963, Burt précise que le suspect « était presque dans la prochaine rue (i.e. Crawford Street) » et que, par la suite, s’il avait pu être mieux observé, « il aurait été dit derrière l’église [l’Abundant life temple], à l’angle de Crawford Street et 10th Street ». Aucun des deux ne peut préciser l’avoir vu se débarrasser de son blouson – la voiture sous laquelle le vêtement allait être retrouvé ayant manifestement été, de peu, hors de leur champ de vision – ni l’avoir vu s’en être débarrassé, selon qu’il l’aurait vu avec ou sans blouson, détail vestimentaire que, à supposer même qu’ils y eussent fait attention, la distance d’au moins une centaine de mètres les séparant du fugitif leur aurait vraisemblablement empêché d’observer, sans risque d’erreur ; quoique, paradoxalement, on ait aussi tendance à penser que, s’ils l’ont reconnu, d’aussi loin – à supposer qu’ils ne l’aient pas confondu avec Reynolds scrutant la ruelle – ce pourrait être parce que l’habillement dans lequel il l’avait vu précédemment ne lui faisait pas défaut. Ajoutons que, à l’encontre des témoignages de Callaway et Reynolds, Burt affirme que le fugitif a quitté Patton Avenue, par la ruelle et non par Jefferson Boulevard ; ce qui laisse penser que, ayant toujours eu au moins une cinquantaine de mètres de retard sur lui, comme ils l’affirment, lui et Smith l’ont momentanément perdu de vue, sur Patton Avenue, et en ont déduit qu’il avait dû emprunter la ruelle (cf. déclaration de Burt au FBI du 15 décembre 1963) (cf. Myers, ibid., ch. 4). Pour finir, notons qu’un collègue de Reynolds, Harold Russell, qui avait été lui aussi témoin de la fuite du suspect et s’était, quant à lui, aussitôt rendu sur les lieux d’où étaient parties les détonations, en remontant Patton Avenue, pendant que Reynolds suivait le tueur, sur Jefferson Boulevard, mourra, hospitalisé, en 1965, des suites d’une interpellation violente par un policier.

12 h. 59 : Au signal du double coup de klaxon devant son domicile, Oswald sort de chez lui et se rend, à pied (ou autrement, comme nous le verrons), sur East 10th Street (Notons que nous entrons désormais dans le cas du vrai rendez-vous et qu’il s’agit donc, assurément, aussi bien pour le vrai Oswald et Tippit que pour le faux Oswald, de gagner East 10th Street). Lors de ses déclarations au FBI et à la commission Warren, Mrs Earlene Roberts a précisé que le véhicule ayant klaxonné, devant chez elle, était un véhicule de police, qu’il portait un numéro d’immatriculation qui n’était pas celui du véhicule de Tippit, qu’il était occupé par deux agents et qu’il arrivait du sud et se dirigeait vers la jonction de Zang Boulevard. Ce véhicule venait probablement de vérifier la présence du faux Oswald sur l’itinéraire qu’il devait emprunter – faux Oswald qui fut déposé au 500 Beckley Avenue, à 12 h. 56, et qui pourrait avoir, ensuite, emprunté 8th Street, puis Lansing Street (une ruelle qui traversent une zone d’industries et d’entrepôts de voitures), pour, finalement, gagner et parcourir 10th Street, par l’est, jusqu’aux abords de Patton Avenue (sur une distance totale d’environ 1 km. 300, franchissable, en neuf minutes, à un rythme soutenu incluant le pas de course, notamment dans la ruelle, l’endroit le plus discret), arrivée par l’est que la plupart des témoins virent, en effet, le meurtrier de Tippit effectuer. Comme dans le cas du faux rendez-vous, ce crochet par l’est permettait au faux Oswald et à Tippit de se faire face, sur 10th Street, et au premier d’éviter de côtoyer, de trop près, le vrai Oswald. Du coup, si le taxi n’avait pas déposé son passager à l’ouest d’East 10th Street, et étant donné qu’à l’est de cette rue se trouve son intersection avec Marsalis Avenue, on aurait été tenté de penser que le bus initialement pris par le faux Oswald et qui était à destination de cette dernière avenue (où un arrêt de bus se trouvait, à une centaine de mètres au sud de l’intersection) était le bon, n’ayant finalement dû être abandonné que pour cause d’embouteillage. Pour que l’hypothèse reste valide, il faudrait supposer que le bus a bien conduit son passager jusqu’à la destination prévue et que l’épisode du taxi fut une pure invention destinée à s’accorder avec le fait qu’Oswald était passé à son appartement. Whaley aurait donc eu cessé son travail à 12 h. 30 (éventuellement pour tenter d’assister au passage du cortège présidentiel) et aurait, ensuite, sur injonction, ajouté la mention d’un trajet professionnel entre Lamar Street et Beckley Avenue sur son carnet (probablement, d’ailleurs, en réécrivant une page entière du carnet). À l’appui, il convient de ne pas oublier ses difficultés à narrer, de façon claire et cohérente, certains détails de ce transport, et que la femme âgée dont il prétend qu’elle s’est adressée à lui et à son client Oswald pour obtenir le taxi où ce dernier venait de monter, semble n’avoir jamais été retrouvée, ni même recherchée (Il pourrait s’être agi d’un faux témoin de la présence d’Oswald dans le taxi que l’on se serait réservé de produire en soutien au récit de Whaley, au cas où il se serait avéré trop défaillant pour être admis). Mais, à l’encontre, il est difficilement compréhensible que le passage d’Oswald à son domicile n’eût pas été prévu, au sens de programmé, par les chefs du complot ; il faudrait, à la rigueur, supposer que le Rambler l’eût déposé, bien au sud de son appartement, et qu’il eût, ensuite, décidé, de lui-même, de faire un passage à son domicile (que ce passage n’eût pas été prévu pouvant être corroboré par le changement d’arme qui pourrait y avoir eu lieu, comme nous l’avons vu)… mais sans que cela puisse expliquer qu’un véhicule de police se soit ensuite arrêté et ait klaxonné devant ce domicile, au moment où il s’y trouve… Pure coïncidence ? Signal destiné à quelqu’un d’autre au 1026 Beckley Street ? (mais, selon Mrs Roberts, Oswald sort de la maison, très peu de temps après)… Ou alors, les deux occupants du véhicule de police venant juste d’être renseignés de la liberté prise par Oswald, ils viennent le rappeler à l’ordre… Pour autant, plutôt que d’introduire cet élément compliqué et inventé du trajet par taxi, n’aurait-il pas été plus simple d’interdire à Mrs Roberts de parler du passage du locataire à son appartement ? Quoi qu’il en soit, le raisonnement suivant s’impose : si, dans les premières heures suivant son arrestation, Oswald s’est présenté comme ayant pris le bus et uniquement le bus, au lieu d’ayant pris le bus et le taxi, et, plus encore, au lieu d’ayant pris directement le taxi (dernière option qui s’imposait du point de vue du passage à son domicile et du minutage) – taxi qu’il aurait dû, en effet, intégrer à ses déclarations, s’il avait eu connaissance qu’il était censé avoir été pris – c’est donc qu’il n’a rien à voir avec le meurtre de Tippit. Et, s’il était arrivé par bus sur Marsalis Avenue, il ne l’aurait donc pas fait autrement que fictivement, à savoir sous les traits d’un faux Oswald, qui, en effet, fut l’individu ayant pris le bus qui ne lui permettait pas de passer, dans les temps, au 1026 Beckley Avenue, comme l’a fait le vrai Oswald. Ce faux Oswald, qui est effectivement arrivé, sur 10th Street, par l’est – soit par taxi, comme expliqué, plus haut, soit par bus – est donc bien le meurtrier de Tippit.

.....................................................................................................

12 h. 55 : C’était l’heure du faux rendez-vous fixé à Tippit, sur 10th Street ou sur l’une des deux rues parallèles au nord. Une heure à respecter impérativement, la consigne lui ayant été donnée de ne pas s’attarder, en cas d’absence d’Oswald, mais d’aller sur-le-champ recevoir de nouvelles consignes par téléphone. N’y ayant pas trouvé celui avec qui il avait rendez-vous, Tippit a filé au Top Ten Record, à l’angle sud-est de Jefferson Boulevard et Bishop Street, pour prendre contact, par téléphone, avec son « supérieur » qui lui indique alors que le rendez-vous est nouvellement fixé à 13 h. 05, sur East 10th Street (Rappelons que le faux rendez-vous avait pour but d’empêcher l’immixtion d’un tiers qui, du fait d’éventuelles indiscrétions de Tippit ou d’Oswald, aurait eu vent du rendez-vous : en changeant, quasiment sur le vif, les coordonnées du rendez-vous, les anciennes devenues obsolètes ne pouvaient que faire échouer la tentative d’immixtion – ce qui, du reste, tend à indiquer que le lieu initialement fixé n’était pas sur East 10th Street). En filant au Top Ten Record, il s’est retrouvé, par hasard, à suivre le véhicule du courtier d’assurance, James Andrews, sur West 10th Street, véhicule sur lequel il a eu subitement des doutes et qu’il a brusquement immobilisé pour l’inspecter (Notons que le nouvel horaire du rendez-vous plaiderait, a priori, en faveur d’un horaire initial fixé plus tôt – on pense à 12 h. 50 – un intervalle d’un quart d’heure étant plus propice qu’un intervalle de dix minutes à effectuer l’aller-retour au magasin pour y recevoir des consignes téléphonées, avec tous les aléas éventuels – l’hypothèse serait, de plus, étayée par l’heure du dépôt du faux Oswald indiquée approximativement sur le carnet de bord du taxi de Whaley : 12 h. 45, taxi dont le passage devant la station-service où se tenait Tippit a conditionné le départ de celui-ci de la station, à une heure que les témoins estiment très approximativement avoir été dans les vingt minutes avant 13 h. Mais un argument contraire majeur ne manque pas de surgir : si le taxi passe aux environs de 12 h. 45 devant la station, pour être moins de cinq minutes plus tard au 500 Beckley Avenue, c’est donc que son passager, censé être parti du TSBD à 12 h. 34, n’est pas d’abord monté dans un bus : dès lors, pourquoi Oswald aurait-il dû impérativement paraître au public avoir pris un bus ? L’horaire de 12 h. 50 semble donc bel et bien impossible (comme le corrobore encore le fait que Tippit a annoncé, par radio, se trouver sur Lancaster Avenue, à 12 h. 54). On ne sera donc pas étonné de la rapidité, de l’agitation et de la contrariété avec lesquels, selon le témoignage d’Andrews, Tippit intercepte et inspecte le véhicule de ce dernier : son horaire est serré – l’exécution rapide du complot étant une façon de le sécuriser – et il désobéit à la consigne de se rendre, directement et sans tarder, au magasin).

.....................................................................................................

13 h. 06 : Tippit est abattu, sur East 10th Street, à une quarantaine de mètres à l’est de Patton Avenue. Heure corroborée par les témoignages de Roger Craig, Helen Markham, Mrs Margie Higgins (Mrs Donald Higgins), Doris Holan et Temple Ford Bowley. Ce dernier, dans sa déclaration au bureau du shérif du 2 décembre 1963, dit être arrivé, en voiture, sur les lieux du meurtre, après qu’il eut eu lieu, et être aussitôt venu en aide, à 13 h. 10 précise, à sa montre, à une personne – qui ne peut qu’être Benavides, si l’on se rapporte au témoignage de ce dernier devant la commission Warren – qui estimait avoir des difficultés à alerter la police, au moyen de la radio de bord du véhicule de Tippit, comme le corroborent deux appels brefs et brouillés, au contenu indéchiffrable, enregistrés dans les secondes avant et après 13 h. 08 (appels qu’un rapport du capitaine Sawyer du 20 mars 1964, qui contient une transcription des transmissions radio policières, attribue au véhicule de Tippit, alors qu’une nouvelle transcription établie par le FBI, dans son rapport du 11 août 1964, les attribuera à deux véhicules distincts dont l’un, au moins, n’était pas en service et dont l’autre avait un équipage resté non identifié… – cf. WCHE XVII, CE 705, p. 17, et XXIII, CE 1974, p. 48), les appels de Bowley, quant à eux, ayant bien été enregistrés et authentifiés à 13 h. 10 (cf. CE 705, p 18-19, transcription des transmissions radio que précise, sur le plan horaire, l’original d’une autre transcription retrouvé aux Archives nationales, selon J. Armstrong), et non à 13 h. 16, comme le soutiendra le FBI, dans son rapport (cf. CE 1974, p. 52-53). La source d’information de Craig, lequel dit avoir été informé à 13 h. 06, aurait donc été autre – par exemple, Mary Wright, qui, logeant sur 10th Street, à environ soixante-dix mètres à l’est du lieu du meurtre, déclare, en 1964, s’être ruée sur son téléphone, pour appeler la police, juste après que son mari eut constaté, depuis le porche de leur maison, ce qui venait d’arriver à Tippit, la police ayant ensuite immédiatement appelé une ambulance, comme ne tardera pas à le faire le chauffeur de taxi Scoggins, par l’intermédiaire de son répartiteur, deux minutes, selon lui, avant que l’ambulance n’arrive, ce qu’elle fit aux alentours de 13 h. 11 ; ou encore Barbara Davis, qui logeait encore plus près qu’elle, à l’angle de Patton Avenue, et dont la belle-sœur, Virginia Davis, qui partageait avec elle la même maison, a rapporté, le jour-même, au bureau du shérif, que sa belle-sœur avait téléphoné à la police, quasiment sur le coup, ayant été pressée par Mrs Markham de le faire, ce que Barbara déclarera elle-même avoir fait, au même bureau, le 31 décembre suivant ; à moins que Benavides n’eût déjà réussi, à son insu, à lancer l’alerte, le double premier appel de 13 h. 08, prétendument sans contenu audible, ayant pu éventuellement en avoir eu un, bien que semblent l’infirmer les bandes audio ; falsification de ces bandes que ne permettent pas d’exclure les anomalies du rapport du FBI déjà relevées, qui concernent, entre autres, l’horodatage de l’appel de Bowley… rapport qui place, par ailleurs, à 13 h. 19, un appel de l’ambulancier demandant à quel endroit exact se rendre pour venir au secours de la victime (cf. ibid., p. 54)… alors que le permis d’autopsie délivré par l’hôpital Méthodiste, où l’ambulance venait d’apporter le corps du policier, indique une mort survenue, à ce même hôpital, à 13 h. 15… anomalie largement corroborée par la transcription des transmissions radio adressée à Curry, le 5 décembre 1963, où ne figure aucun appel concernant l’ambulance, mais une grosse lacune de toutes communications, entre 13 h. 04 et 13 h. 18, dont on notera qu’elle porte aussi sur tous les appels qui ont été, par ailleurs, répertoriés comme ayant eu pour origine le véhicule de Tippit, après 13 h. (cf. ibid. XXI, p. 394). De son côté, Mrs Higgins rapporte, en 1968, à Barry Ernest, que, présente à son domicile, situé du côté nord de 10th Street, à une quarantaine de mètres à l’est de la scène du crime, elle entend le présentateur des informations télévisées annoncer « 13 h. passée de six minutes » (« six minutes after one ») (ce que, selon Myers, des recherches dans les archives des trois réseaux de télévision qui diffusaient, cet après-midi-là, sur Dallas, auraient, par la suite, infirmé – cf. « With malice », note 424), heure qu’elle vérifie aussitôt à sa pendule, juste après quoi, elle entend les coups de feu et va observer, par la fenêtre, la rue, où elle aperçoit le corps de Tippit allongé et un homme tenant un pistolet qui s’enfuit sur Patton Avenue, homme que, le soir même, au moment de voir Oswald à la télévision, elle identifiera comme n’étant certainement pas ce dernier (cf. ibid., p. 85) (Notons que, si elle a menti, avec un tel luxe de détails susceptibles d’être facilement vérifiés, et si elle n’ignorait pas que les émissions d’information étaient enregistrées et archivées, elle n’a pu le faire que pour amplifier et discréditer les témoignages parlant de 13 h. 06, ce qui, en retour, ruine sa propre démarche et vient corroborer les témoignages en question). Quant à Mrs Markham, elle déclare, au bureau du shérif, le 22 novembre, avoir été présente à l’angle de 10th Street et Patton Avenue, à « approximativement 13 h. 06 », et, devant la commission Warren, s’être trouvée dans Patton Avenue, après avoir quitté, à 13 h. 04 (heure qu’elle a constatée, au pied de son immeuble, à l’horloge d’une laverie où elle s’était arrêtée pour téléphoner à sa fille), son appartement, situé à l’angle sud-ouest de Patton Avenue et 9th Street, pour aller prendre le bus, à 13 h. 12, à l’angle sud-ouest de Patton Avenue et Jefferson Boulevard, afin de reprendre son travail de serveuse, dans le centre de Dallas (elle a l’habitude de quitter son appartement, juste après 13 h) (Jack Ray Tatum, un autre témoin du meurtre, affirme qu’elle ne souhaitait pas s’attarder sur la scène du crime, par crainte de rater son bus  – cf. Jim Marrs, « Crossfire », p. 338 – témoignage dont on peut douter de la vraisemblance, étant donné l’événement exceptionnel qu’était le meurtre d’un policier, qui aurait sans doute pu facilement justifier son retard auprès de son employeur, d’autant plus que – quoique l’argument ne vaille que rétrospectivement et que Mrs Markham fût très loin d’avoir décrit le meurtrier comme ressemblant à Oswald, ce qui ne pouvait que déplaire au clan Ruby – l’un des habitués du bar-restaurant où elle travaillait n’était autre que George Senator, l’ami de Ruby dont il partageait l’appartement et qui affirme que Ruby lui-même s’y trouvait souvent – cf. Lane, ibid., p. 269 – témoignage de Tatum qui peut donc être soupçonné de vouloir situer le meurtre vers 13 h. 15, conformément à la version officielle, le bus de Mrs Markham ayant l’habitude de passer, avec quelques minutes de retard, vers cette heure-là). On peut estimer que, du pas relativement pressé qui devait être le sien, une minute et demie lui a suffi pour atteindre l’intersection de Patton Avenue et 10th Street, distante d’environ 130 mètres de chez elle, et qu’une minute trois-quarts lui aurait suffi – puisqu’elle est finalement restée sur les lieux – pour atteindre, depuis cette intersection, l’arrêt de bus, distant d’environ 180 mètres. Enfin, Doris Holan, qui habitait en face de la scène du meurtre, de l'autre côté de la rue, a confié au chercheur Michael Brownlow – très tardivement mais peu de temps avant de mourir d’un cancer – qu'elle était juste rentrée du travail, soit « quelques minutes après 13 h. », lorsqu'elle entendit les coups de feu et observa la scène, depuis l'étage de sa maison, scène dont elle précise qu’elle incluait la présence d’une seconde voiture de police (vue aussi par Guinyard) roulant au ralenti dans l’allée devant l’entrée de laquelle s’était garée la voiture de Tippit, seconde voiture dont on n’a donc aucune difficulté à imaginer que pourrait en être parti, au quart de tour (peut-être même avec quelques secondes d’anticipation), l’annonce radio du meurtre, rendant ainsi parfaitement possible que Roger Craig en eût appris la nouvelle, à 13 h. 06, à sa montre, comme il l’affirme. N'ont pas pu être tirées par le revolver qu’Oswald portait sur lui, au moment de son arrestation, les cartouches vides retrouvées sur le lieu du meurtre du policier, qui, selon une communication radio du sergent Gerald Hill, à 13 h. 41, « indiquent que le suspect est armé d’un automatique .38 plutôt que d’un pistolet » (« shells at the scene indicate the suspect is armed with an automatic .38 rather than a pistol ») (cf. WCHE XXIII, p. 870, et XXI, p. 397), indication que l’on comprend être une marque, mais sans pouvoir déterminer si cette marque était la mention « .38 AUTO » ordinairement inscrite sur la douille et/ou, comme l’affirme Jim Garrison, une rayure caractéristique d’une éjection – communication radio que, devant la commission Warren, Hill niera avoir faite, avant de l’admettre, lors d’une interview par K. Myers, en 1986, en prétendant que l’indication tenait au fait que les cartouches étaient tombées sur une aire réduite, comme si elles avaient été éjectées, au lieu d’avoir été jetées manuellement… argument qu’il reprendra, l’année suivante, devant Larry Sneed, en ajoutant, de façon plutôt invraisemblable, que les témoignages censés avoir parlé d’un tueur vidant, une à une, ses cartouches, sans se presser de quitter les lieux, ne lui étaient pas encore parvenus… (cf. « No more silence », p. 295) ajout invraisemblable, à moins que lesdits témoignages n’eurent tout simplement pas pu avoir existé… communication radio qui, du reste, avait été devancée, à 13 h. 37, par celle du policier H. W. Summers, qui, sur la base du témoignage de Ted Callaway, parlait du suspect comme « apparemment armé d’un pistolet automatique .32, de finition noire » (ibid. XXIII, p. 868) ; en 1996, Callaway s’en expliquera à Myers, en précisant que la façon dont le tueur dressait l’arme devant lui, de la main droite, et élevait sa main gauche vers le bas de la crosse, lui avait évoqué la phase d’enfoncement d’un chargeur, dont il avait eu l’habitude, lors de son engagement dans l’armée (cf. « With malice », ch. 8, et le témoignage de Scoggins, infra) ; de même, s’expliquerait aussi que deux de ces mêmes cartouches, à l’intérieur desquelles le policier W. E. Barnes avait gravé ses initiales, après qu’elles eurent été ramassées par le témoin Benavides et confiées par ce dernier au policier J. M. Poe – qui, lui-même, avait gravé ses initiales sur leur surface externe, à la demande de Hill, avant de les remettre à Barnes – ont purement et simplement disparues, par la suite, et ont été remplacées, comme les deux autres, par des cartouches compatibles avec un tir par revolver… qui plus est, celui d’Oswald, dont on pourrait donc s’être servi pour fabriquer de fausses preuves ; de même que les deux autres cartouches, ramassées par Barbara et Virginia Davis, devant leur domicile, et remises, le jour-même à des policiers, ne purent pas être reconnues par ces dernières dans les cartouches compatibles avec un tir par revolver que le FBI leur présenta, sept mois plus tard ; et de même, encore, que l’unique balle censée avoir été extraite, dans un premier temps, du corps de Tippit, et qui fut envoyée au laboratoire du FBI de Washington, se révéla n’avoir pu être tirée par le revolver d’Oswald (cf. Rapport du FBI du 7 juillet 1964, ibid. XXIV, p. 414-415, et Garrison, « JFK, affaire non classée », p. 182-186). Peut éventuellement infirmer cette hypothèse du pistolet automatique la déclaration de la témoin Virginia Davis, faite le jour-même au bureau du shérif, selon laquelle, en partant, le tueur « déchargeait son fusil  » (« was unloading his gun »), formule pouvant néanmoins signifier le simple retirement du chargeur d’un pistolet, afin de le remplacer ou de le remplir, alors que ses déclarations ultérieures et celles de sa belle-sœur Barbara Davis, elle aussi témoin (bien qu’elle pourrait avoir vu un autre homme, comme nous l’avons expliqué, sa belle-sœur n’étant pas sortie de la maison, en même temps qu’elle), faites le 1er décembre, au Secret Service, et le 12 mars, au FBI, pourraient avoir visé à rendre cette première déclaration plus explicitement compatible avec un tir par revolver, au moyen de formules comme : « il retirait des cartouches du fusil » (« he was taking shells out of the gun ») ou : « la chambre du pistolet était ouverte et il le secouait, en marchant (…) comme s’il essayait de le décharger », alors que, de son côté, William Scoggins, le 2 décembre, offrait au Secret Service un témoignage pouvant être éventuellement rapproché de celui de Callaway déjà cité : « La position [insolite] du fusil dans la main [gauche] de l’homme lui donnait l’air d’avoir peut-être essayé de le décharger » (WCD 87, p. 553 et 555-556, et WCD 897, p. 232 et 234). Du reste, p. III, nous avons vu que le témoignage de Benavides, similaire aux derniers des Davis, est sujet à caution.

13 h. 12 : Parti, à pied, de la station de bus située tout près de son domicile, vers 13 h. 01, Oswald arrive, par l’ouest, aux abords de la scène du meurtre de Tippit, aperçoit, probablement de loin, ce qui vient d’arriver, et, en état de semi-panique, dévie en direction de Jefferson Boulevard et du Texas Theatre, en empruntant Crawford Street, par laquelle il venait probablement d’arriver sur 10th Street et au bord de laquelle il ne tarde pas à se débarrasser de son blouson ; la distance entre le 1026 North Beckley Avenue (son domicile) et l'intersection de 10th Street et Crawford Street étant de 1 km 130, il a pu la franchir en 10 min. 30, à la vitesse de 6 km/h. Texas Theatre où il sera finalement arrêté, entre 13 h. 47 et 13 h. 50.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Articles récents