À l’époque des faits, les protagonistes, sans doute soucieux de ne pas paraître impliqués dans l’assassinat de l’amiral, paraissent spontanément portés à faire état d’un comité qui n’est destiné qu’à la propagande et où, de plus, les monarchistes ne prédominent pas (dernier point sur lequel, néanmoins, se démarque Henri d’Astier, dans ses propos remémorés par Voituriez, comme nous l’avons vu… en quoi, d’ailleurs, on peut le soupçonner de vouloir dissimuler la prédominance des gaullistes, lui-même, comme nous l’avons vu aussi, n’ayant jamais mis en avant, ni même fait vraiment état, à l’époque, de son gaullisme). Ainsi, l’avocat Jacques Brunel déclare au juge, le 12 janvier 1943 : « Le général d’Astier, lors de son passage à Alger (…) a dit à son frère de former un comité pour la propagande gaulliste. J’ai su par [Henri] d’Astier que ce comité avait été formé de M. M. Capitant, Joxe et lui-même. » (G. d’Astier, ibid., p. 306) ; et, de son côté, Capitant, dans une déposition faite le 26 janvier et rapportée, de mémoire, par Voituriez (et dont G. d’Astier ne livre de l’original que des extraits) : « Le Général d’Astier a organisé un comité de propagande comprenant un président, Henri d’Astier, Louis Joxe et moi. Il a dû donner des instructions au Président, mais pas à moi. J’ai même eu beaucoup de difficultés à voir le Général. Sans l’intervention d’Henri d’Astier je ne l’aurais même jamais vu. D’ailleurs l’argent [cf. infra] a été donné à Henri d’Astier. » (ibid., p. 223) (cf. Chantérac, ibid., p. 218) Pour rejeter la présence de Pose et l’absence de Joxe du comité – qui est sans doute directeur – il faudrait admettre soit qu’Achiary et d’Astier commettent la même erreur, chacun de leur côté, soit que seul la commet Achiary et que Voituriez se trompe, en pensant rapporter les propos du second, mais alors que ceux du premier viennent les corroborer – premier dont on précisera qu’il est, à Alger, le chef de la brigade de surveillance du territoire, l’ancêtre de la DST et des RG, et qu’il a donc, à ce titre, toutes chances d’être bien renseigné sur un homme de l’importance de Pose, sur le compte duquel il ne pourrait donc se tromper qu’en commettant un lapsus, facilement rectifiable à la relecture de sa déposition, quoique l’hypothèse qu’il mentirait ne puisse pas être absolument exclue, dans la mesure où, en accord avec le haut-commissaire Giraud, Voituriez a pris, devant lui, dès l’ouverture de son interrogatoire, « l’engagement formel de ne pas [le] poursuivre, quelles que soient les déclarations [qu’il va] faire » ; la raison pour laquelle il mentirait pouvant être qu’il chercherait à signifier, en conformité totale avec ce qu’il saurait être la vérité, combien gaullistes et royalistes sont imbriqués dans l’affaire, mais tout en insinuant – lui, le gaulliste – que les seconds pourraient avoir pris, à l’occasion, le dessus sur les premiers… De son côté, s’appuyant sur de très forts indices, Voituriez n’aurait fait que supposer une telle composition du comité, sans préciser qu’il était dans l’ordre de la supposition, et avec un risque grandement diminué par le fait qu’il ne s’exprime qu’en 1979, une fois à la retraite et deux ans avant de mourir. Au demeurant, l’hypothèse d’une erreur commise par Voituriez est d’autant moins vraisemblable que le juge fait bien dire, de mémoire, à Capitant que le comité de propagande était constitué de d’Astier, Joxe et lui-même, ce qui n’a pu que l’inciter à revenir sur ce dont il croyait s’être souvenu de la déposition de d’Astier, pour le reconsidérer… et finalement, pour autant, le valider…
À propos de Pose, Alain Decaux, évoquant son long séjour en métropole, d’environ trois trimestres, dans les mois précédant le débarquement, note que « sa personnalité, son entregent, le haut niveau de ses relations semblent le désigner pour jouer un rôle dans un camp ou l’autre ». À la différence d’Henri d’Astier, il pourrait donc être entré dans le comité gaulliste, après le débarquement, peut-être à la suite de contacts noués en métropole (où il est assurément plus facile de rencontrer des agents gaullistes importants qu’en Afrique du Nord – agents importants, ne serait-ce que par ce qu’en lien étroit avec Londres, où, au demeurant, depuis février 1941, une succursale de la BNCI a ses avoirs gelés et est placée sous le contrôle de la Banque d’Angleterre, ce qui pourrait avoir donné lieu à des tractations ayant pu ouvrir sur l’échange de bons procédés), en tout cas, y être entré, lorsque, comme le note encore Decaux, « très tôt, vers la mi-novembre 1942, [il] décide qu’il faut se débarrasser de Darlan [et] se confie à Henri d’Astier et l’abbé Cordier » (Morts pour Vichy, p. 50 et 90). Pour autant, il communiquait avec le comte de Paris, depuis un an, et l’avait rencontré, la dernière fois, au Maroc – à Rabat, selon le comte, dans ses Mémoires (p. 191) – dans les jours mêmes du débarquement, alors que, censément dans le cadre de ses affaires de banquier, qui lui permettaient de se déplacer facilement d’une rive à l’autre de la méditerranée, ainsi qu’en métropole et en Afrique, il venait de quitter, le 6 novembre, la métropole pour Casablanca, à l’annonce de l’imminence d’un événement important que venait de lui faire son adjoint Marc Jacquet et qu’il avait comprise être celle du débarquement (À Casablanca, se trouve l’une des principales succursales de la BNCIA, dans laquelle Lemaigre-Dubreuil a transféré une quantité énorme de fonds, depuis la défaite de juin 1940) ; Jacquet que venait peut-être d’informer Lemaigre-Dubreuil, le principal contact des Américains dans le groupe des Cinq, qui, lui-même, le 31 octobre, au retour d’une visite qu’il venait de faire à Giraud en métropole, fut informé par le général Mast, le seul Français que Murphy avait été autorisé à informer, le 28 octobre (cf. ibid., p. 51, Chantérac, ibid., p. 186, note 2, Paillat, L’échiquier d’Alger, II, p. 17) (À noter que Casablanca est la ville où, quatre jours plus tôt, le 2 novembre, le vice-consul Kenneth Pendar, fraîchement mis au courant de la date exacte du débarquement, en informe Rigault, qui, présent au Maroc depuis le 26 octobre dans le cadre d’une mission de renseignement que lui a confiée Mast, et jusque-là persuadé que le débarquement aurait lieu fin novembre, transmet aussitôt la nouvelle aux généraux Henry-Martin et Béthouart, commandant respectivement les divisions de Marrakech et de Casablanca, auxquels il s’autorise à remettre les plans de débarquement décidés à la conférence de Cherchell, mais que les Américains ont depuis modifiés, par crainte de fuites – contretemps qui gênera Béthouart, favorable aux Américains, dans l’appui qu’il pouvait leur apporter ; sur ce, Pendar et Rigault décident de gagner, en voiture, d’une traite, Alger, où ils arrivent, séparément, en début de matinée du 6 novembre : à une soixantaine de kilomètres de l’arrivée, leur voiture a heurté un rocher, non loin d’un passage à niveau, où Rigault a pu sauter dans un train de passage – cf. Pendar, Adventure in diplomacy, p. 97, Mast, Histoire d’une rébellion, p. 254-255 et 258-259, Kammerer, p. 202-205, Chamine, p. 101, Jacques Robichon, jour J en Afrique, p. 196). Cette ultime rencontre entre le comte et le banquier, au Maroc, peut paraître d’autant plus suspecte, si on la rapporte aux indices pouvant faire penser que l’arrivée de Giraud à Alger a été desservie par les Anglais, afin de fragiliser sa position de prétendant au pouvoir : retard d’un jour, perte de son uniforme, etc. – situation malencontreuse de l’homme programmé à la prise du pouvoir qui paraît avoir été l’occasion d’un double empressement suspect chez Jacquet, employé de Pose et gaulliste : dès février 1943, dans son Rapport sur l’affaire monarchiste, conservé dans les archives de l’agent du MI 6 Gabriel Théry, il affirme avoir « compris [dès] le dimanche 8 [novembre] à 4 heures de l’après-midi, que l’affaire Giraud était fichue » (cité par Chantérac, Réplique à l’amiral de Gaulle, p. 325), Jacquet dont on se souviendra aussi de la lettre adressée, huit jours après le débarquement, à Henri d’Astier, qui peut attester que l’élimination physique de Darlan était déjà planifiée, et qui, dans son même Rapport, affirme aussi que « le but déterminant de l’opération [d’accession du comte au pouvoir] était d’amener ipso facto au pouvoir la majeure partie de l’équipe du général de Gaulle », aveu qui peut paraître imprudent, mais que semble chercher aussitôt à relativiser l’affirmation – du reste, peu vraisemblable – selon laquelle « bien des gaullistes, surtout ceux d’Alger (…) ne [s’en] sont jamais rendu compte » (cité par Chantérac, L’assassinat de Darlan, p. 197).
De toutes ces considérations, la conclusion pourrait être la suivante : il existait, en Algérie, avant le débarquement, un comité gaulliste, surtout destiné à la propagande, et qui, dans les circonstances du débarquement, s’est porté aussi à l’action, en osmose avec le groupe des Cinq et sans doute, plus encore, avec les conjurés du 8 novembre (qui ne se réduisent pas aux Cinq et dont beaucoup affichent facilement des sentiments gaullistes, notamment par un phénomène de mode, suscité par les jeunes recrues du SOE britannique, parmi lesquelles celles formant le French commando) – groupe des Cinq avec lequel la fusion ou fédération complète est rendue impossible par la présence en lui d’individus hostiles ou méfiants à l’égard du gaullisme ; un comité gaulliste dont René Capitant et Louis Joxe furent des premiers membres, avant d’être rejoints secrètement, toujours avant le débarquement, par Henri d’Astier, puis, juste après le débarquement, par Alfred Pose, et que, lors de sa visite, François d’Astier a réformé, en demandant, d’une part, à son frère de le présider et à Pose de s’en retirer – du moins de la direction, à laquelle Joxe accède, pour le remplacer – ou de ne pas figurer dans la direction dont le comité est désormais pourvu (n’en ayant pas vraiment eu auparavant), réforme visant à effacer une trace trop voyante d’implication gaulliste dans l’assassinat de Darlan (qui devait passer pour l’œuvre de monarchistes, dont Pose était l’une des principales figures, en Afrique du Nord, une figure émergeant facilement d’un milieu royaliste d’Afrique du Nord, notamment d’Algérie, clairsemé et inorganisé – cf. Richard et de Sérigny, p. 185), et, d’autre part, en demandant aussi que le comité se cantonne désormais officiellement à la propagande, là encore pour effacer une trace d’implication gaulliste active dans l’assassinat, quoique l’orientation gaulliste du futur gouvernement et la venue de De Gaulle en Algérie allaient inévitablement nécessiter de gros moyens de propagande (En complément de son retrait du comité gaulliste, Pose pourrait avoir fait profil bas, en matière de monarchisme, s’il est vrai, comme le remarque Henri Michel, que, dans le gouvernement de Darlan, où il est entré le 10 décembre, « personne ne se doutait qu’il était royaliste » – François Darlan, p. 338 – ce que corrobore Kammerer, parlant de lui à cette époque : « il n’admet pas d’être qualifié de royaliste ou monarchiste » – p. 576 –… comme si son royalisme avait été surtout destiné au comte, un clandestin vivant reclus dans les appartements d’Henri d’Astier, quoiqu’il pouvait aussi s’agir d’œuvrer discrètement dans un milieu algérien où des résistances étaient susceptibles de se manifester à l’encontre du prince…). La raison pour laquelle le général d’Astier aurait demandé à Pose de se retirer du comité gaulliste pourrait avoir échappé à celui-ci, à moins qu’il n’eût mis la demande sur le compte d’un dosage politique momentané devant ménager des susceptibilités républicaines (ou « libérales et républicaines » comme le disait Capitant, telles les siennes et celles du général Catroux ; Catroux dont le rôle d’émissaire entre Londres et l’Afrique avait été suggéré à De Gaulle par les Britanniques, avant que François d’Astier ne soit choisi, mais qui finira, néanmoins, par tenir ce rôle, au premier semestre de l’année suivante, dans la phase cruciale des tractations avec Giraud, avant de devenir membre du CFLN). Au demeurant, Pose n’avait pas de raison de suspecter une manipulation des gaullistes, avec lesquels il s’estimait sans doute être en profonde sympathie, puisque prévoyant de les faire entrer massivement dans le gouvernement du comte (Chronologiquement, Pose est, avant tout, un partisan de l’État fort – notion très en vogue, à l’époque, notamment du fait de la promotion qu’en fait le colonel de La Rocque, dont le mouvement allait très probablement remporter les élections législatives de 1941, finalement empêchées par la guerre – et un partisan qui n’a rallié, avec sincérité, enthousiasme et dévouement, la cause royaliste qu’en 1941).
Pour autant, débarrasser le comité d’une composante monarchiste ou, plus exactement, ostensiblement monarchiste, n’allait pas de soi, comme l’indiquerait le témoignage de Patrick Waldberg, critique d’art qui avait rejoint le milieu gaulliste new-yorkais et était arrivé en Algérie (où il deviendra l’ami personnel de Joxe, Capitant et Achiary), en débarquant à Sidi-Ferruch, avec les premières troupes étasuniennes, au sein d’une unité de propagande et de renseignement, l’Office of War Information, qui, par mixtion avec le Political Warfare Executive britannique, devient, dès novembre, sous l’égide d’Eisenhower, la Psychological Warfare Branch, organisme de guerre psychologique, qui, à Alger, s’est établi à l’hôtel de Cornouailles, réquisitionné par les Alliés (appartenance à l’OWI, puis à la PWB, qu’il avait ordre de garder totalement secrète). Le 28 décembre, Waldberg dîne avec Capitant et une troisième personne non-identifiée, dîner dont on peut penser qu’il a lieu à l’hôtel de Cornouailles, où, dès le lendemain, allait se réfugier (à moins qu’il ne l’ait fait dès ce jour du 28), sous protection britannique, le patron du gaullisme en Afrique du Nord, pour échapper à la vague d’arrestation décidée par Giraud et Bergeret… cependant que, dès le 21, Bergeret avait informé Murphy – auquel François d’Astier venait de demander de l’aider à connaître la raison pour laquelle il n’arrivait pas à joindre celui auquel il s’apprêtait à confier officiellement la direction du gaullisme en Afrique du Nord, avant de retourner à Londres – que le même Capitant venait d’échapper à une première arrestation, comme s’il avait pu s’être réfugié, une première fois, au Cornouailles… Cornouailles où, le 30, allait se réfugier brièvement… Henri d’Astier, le temps d’y apprendre qu’il n’était finalement pas concerné par la vague d’arrestations ordonnée par Giraud (cf. G. d’Astier, p. 165-168 et 213-216). Une semaine après cette première alerte, lors du dîner, Capitant informe Waldberg que, pendant son séjour, François d’Astier a bien confié la direction du gaullisme à trois hommes : son frère Henri, lui-même Capitant, et Joxe, ce sur quoi Capitant continue, en déclarant : « Je suis très ennuyé de cet arrangement. Henri d’Astier est monarchiste. Il ne veut pas du général de Gaulle. Il s’est fait nommer par son frère pour ″noyauter″ les gaullistes ou pour les compromettre. » (témoignage contenu dans un rapport censé avoir été rédigé par Capitant, le Rapport sur les événements des dernières semaines, daté de janvier 1943) Si ces propos sont exacts, on note que leur auteur y contredit ce que, dix mois plus tard, il déclarera dans un article de Combat-Alger déjà cité, à savoir l’engagement gaulliste authentique d’Henri d’Astier, dès la préparation du débarquement. Or, plutôt que de manifester un réel ennui de voir d’Astier à la direction du gaullisme en Afrique du Nord, les propos de table de Capitant pourraient manifester, quasi inconsciemment, le souci qu’ait bien été éliminée toute trace d’un authentique complot gaullo-monarchiste que les gaullistes auraient dirigé, depuis le début, en manipulant les royalistes (Waldberg pourrait être l’auteur du témoignage relatant les propos de table de Capitant, cité dans un rapport dont la formulation impersonnelle ne permet pas d’en identifier assurément l’auteur. Ne peut être écartée l’hypothèse selon laquelle Waldberg, qui était missionné à la propagande, laquelle pouvait passer par la désinformation, ait eu pour but de faire apparaître, quitte à la provoquer, une fracture entre, d’une part, monarchistes et apparentés monarchistes d’Afrique du Nord, ardemment attachés à une indépendance française radicale et effective, et, d’autre part, gaullistes, dont les dirigeants et le gros des troupes vivaient, loin de l’Algérie, sous la coupe de l’allié britannique, à moins que, d’inspiration et d’initiative encore plus étroitement waldbergiennes – s’il est vrai que l’homme pourrait avoir été une sorte d’agent double étasunien et gaulliste – le témoignage n’ait eu pour but de mettre en valeur, en les plaçant sous un jour favorable, aux yeux des Américains, les gaullistes, par contraste avec les monarchistes, bien connus pour n’avoir jamais eu les faveurs étasuniennes – hormis celle de Murphy – et dont il pourrait alors s’être agi de faire croire qu’ils avaient tramé, sous l’aile gaulliste, l’assassinat du haut-commissaire. Selon Bret, qui l’a rencontré à Oran, le 16 janvier, « ce jeune confrère, du nom de Patrick Walberg (sic), parle admirablement notre langue et s’ingénie à débiter tout ce qui peut blesser un Français : ″Vous êtes, dit-il, incapable de coloniser ce pays dont la population reste en majorité composée d’indigènes. Vos administrations sont lourdes de bêtise et d’inaction (…)″. Un correspondant local de l’agence de presse que dirige Bret, auprès duquel ce dernier vient de s’enquérir à propos de son contradicteur, que même des officiers anglais qui ont assisté à la rencontre ont trouvé désolant d’incorrection, l’informe qu’il « n’a guère de rapports qu’avec les nationalistes arabes », et Bret de conclure que « décidément, la Guerre Psychologique américaine ne vise pas uniquement l’Allemagne et l’Italie » – Au feu des événements, p. 377). Il convient de se rappeler que, le 28 décembre, d’Astier prépare, pour le lendemain, un nouveau complot, prolongeant le précédent et tout aussi apparemment royaliste que lui. Capitant est-il au courant, au point d’avoir tout lieu de se dire « très ennuyé » de ce qu’il vivrait secrètement comme le risque que d’Astier en fasse trop : fasse tomber le masque du complot ou parvienne un pont trop loin (les royalistes finissant par l’emporter purement et simplement sur les gaullistes) ? Lorsque son article de Combat-Alger paraîtra, le 7 novembre 1943, il y a longtemps que les deux complots relancés du 29 décembre et du 1er janvier auront échoué, à peine deux mois que Henri d’Astier aura été libéré, et à peine dix jours que le même aura enfin trouvé les faveurs exprimées du général De Gaulle, laissant désormais toute latitude et toute quiétude à Capitant pour parler d’un d’Astier monarchiste et gaulliste et ayant toujours caché, depuis l’été, son gaullisme sous son monarchisme. À propos de son grand-oncle, Geoffroy précise que, soucieux d’obtenir l’adhésion du général De Gaulle à la conjuration des Cinq, il avait réussi à lui faire parvenir, par le canal du SOE, un télégramme, vers le 20 novembre… télégramme dont on ne connaîtrait pas encore la teneur exacte, parce que les archives du général De Gaulle ne sont pas encore ouvertes… (cf. d’Astier, ibid., p. 83-85)… et télégramme dont on est porté à penser que, pour l’envoyer, Henri d’Astier avait usé de la radio de L’Hostis, dont, selon le juge Voituriez, usait régulièrement Capitant, au contraire de ce qu’affirme G. d’Astier, Capitant qui avoue, d’ailleurs, avoir été averti par L’Hostis, le 6 novembre, que le débarquement allait avoir lieu dans la nuit du 7 au 8, nouvelle qui le laissa, dans un premier temps, totalement stupéfait et désemparé, lui qui s’attendait au printemps 1943 (cf. Voituriez, ibid., p. 221, 227 et 245, et Claude Paillat, L’échiquier d’Alger, II, p. 23 – pour l’anecdote, Voituriez était lui-même radioamateur, et, étant, à l’origine, de formation physicienne, fabriquait lui-même son matériel).