Aux deux témoins Benavides et Scoggins s’ajouteront Mrs Ann McRavin, alias McCravey, et Jack Tatum. Dans une interview radiodiffusée en 1964, la première affirmera avoir vu, depuis une fenêtre de sa maison, située en face de la scène du meurtre et du même côté de la rue qu’elle, le piéton courir, avant que Tippit ne bondisse de sa voiture pour le rattraper – témoignage douteux, étant donné sa grande divergence par rapport à tous les autres témoignages. En 1978, devant le HSCA, le second, dont la voiture précédait celle de Benavides, affirmera avoir observé, avant de dépasser la scène imminente du crime, le piéton en train de marcher vers l’est, dos tourné au véhicule de police – comme l’avait déjà rapporté Mrs Markham, au contraire de tous les autres témoins ayant remarqué sa direction, et notamment Scoggins. Ce dernier, dont le véhicule était stationné, en direction du nord, sur Patton Avenue, à l’angle de 10th Street, position qui lui permettait de voir arriver le piéton, de loin, d’un côté ou de l’autre, qui plus est, de ne pas le rater, s’il arrivait par l’ouest, ne le vit pas passer devant lui, mais le vit, pour la première fois, faisant face à l’ouest, un peu à l’est du véhicule de Tippit. Il reste que tous les témoins, sans exception, n’ont probablement observé la scène que furtivement ou par intermittence, au moment précis où rien d’extraordinaire ne s’était encore passé : Tatum venait de dépasser le véhicule de Tippit, lorsque les coups de feu éclatèrent, le poussant à arrêter le sien et à regarder dans son rétroviseur ce qui venait de se passer, avant de ne pas tarder à repartir ; avant de le dépasser, il avait vu l’homme penché vers la vitre du véhicule, en ayant toujours les mains dans les poches, alors que Jimmy Burt, situé plus loin de la scène (cf. infra), prétend l’avoir vu tendre un bras, à l’intérieur du véhicule (cf. leurs interviews respectives de 1983 et 1968) (À noter que, si la vitre du passager a été retrouvée fermée, la petite vitre d’aération, à l’angle avant, était ouverte, permettant aux deux hommes de s’entendre parler). Si l’arrivée de l’homme par l’est est attestée par la quasi-totalité des témoignages, dont certains venant de personnes ayant été situées très en amont, comme William Lawrence Smith, qui marchait sur 10th Street, entre Denver Street et Marsalis Avenue, et qui fut le premier témoin à l’avoir vu (cf. son audition par le FBI du 14 janvier 1964), Jimmy Brewer, qui se trouvait à l’angle de Denver Street et 10th Street, et Jimmy Burt qui se trouvait sur Denver Street, non loin de 10th Street – les deux premiers n’ayant jamais été auditionnés par la commission Warren – rien n’empêche qu’il ait subitement fait demi-tour, comme nous le verrons, et comme ne l’exclut d’ailleurs pas Scoggins, devant la commission : « [l’homme] marchait en direction de l’ouest ou était en train de faire demi-tour, mais il faisait face à l’ouest, quand je l’ai aperçu [avant les coups de feu] ». Pour autant, étant donné que le rapport de la commission Warren conclura arbitrairement à « un homme marchant vers l’est » (« a man walking east ») (p. 165), et que Mrs Markham peut être soupçonnée de n’avoir pas bien vu la scène et/ou d’avoir été influencée (cf. infra), pour produire ses témoignages successifs, souvent changeants (à ce propos, on notera que Scoggins dit ne pas l’avoir vue sur les lieux, au moment du meurtre, alors qu’elle aurait dû se trouver dans son champ de vision, peut-être parce que, à la différence de ce qu’elle prétend, elle est arrivée à l’intersection, plus tard qu’une minute avant les tirs, au moment où Scoggins était occupé à regarder vers l’est, pour observer la scène, puis vers l’ouest, pour s’en éloigner, et de nouveau vers l’est, pour revenir sur ses pas), et étant donné aussi la tardiveté du témoignage de Tatum, qui peut être soupçonné de venir en renfort du rapport de la commission, menacé par l’enquête du HSCA (sans que cela n’infirme en rien la présence du témoin sur les lieux, au moment du drame, puisque Benavides avait affirmé, devant la commission, qu’une Ford rouge, à savoir le type même du véhicule que conduisait Tatum, le devançait et qu’elle s’est arrêtée, juste après les coups de feu), il n’est pas exclu que le sosie d’Oswald ait toujours marché vers l’ouest. On comprend l’intérêt qu’avait la commission à le faire arriver de l’ouest : c’était le plus court chemin depuis sa résidence de Beckley Avenue, où il était censé n’être pas arrivé avant 13 h. Tatum justifiera la tardiveté de son témoignage par le fait que les autorités auxquelles il aurait pu alors s’adresser étaient très occupées et qu’il avait été certain qu’il n’avait rien de plus à leur apprendre que ce que leur avaient déjà appris d’autres témoins (!). Six témoins identifièrent le tireur comme étant Oswald : Scoggins, Benavides, Barbara et Virginia Davis (qui logeaient à l’angle sud-est de 10th Street et Patton Avenue), Ted Callaway et Sam Guinyard (qui virent l’homme armé fuir sur Patton Avenue) – le premier témoin l’ayant fait, le lendemain, après avoir vu sa photo dans un journal, et le second, qui était le témoin le plus près de lui, au moment des tirs, ne faisant, tout au plus, que daigner admettre qu’il ressemblait à Oswald, tout en décrivant sa coupe arrière de cheveux carrée, alors que celle d’Oswald était effilée et descendante ; témoins auxquels on pourra ajouter William Lawrence Smith, qui identifia l’homme croisé comme étant Oswald, mais sans avoir pu ensuite constater son éventuelle présence sur la scène du meurtre, à laquelle il tournait le dos, Tatum qui est censé avoir relevé – depuis une quarantaine de mètres et dans son rétroviseur ! – le sourire aux coins des lèvres commun au tireur et à Oswald, et, enfin, Markham, qui demeura, néanmoins, très confuse dans sa description et sa reconnaissance du tireur et dont l’implication de son fils dans une grosse affaire alors traitée par la police de Dallas pourrait avoir fait d’elle le jouet de cette dernière.
Cette rencontre entre Tippit et son tueur pourrait avoir eu lieu, avant 13 h. 10. Roger Craig affirme que, au 5ème étage du TSBD, au moment même où le shérif-adjoint Eugene Boone venait de découvrir le fusil censé avoir été utilisé pour l’assassinat du Président, un policier arriva précipitamment en haut des escaliers et annonça le meurtre de Tippit, et qu’il regarda alors instinctivement sa montre qui lui indiquait 13 h. 06... alors que l’heure officielle de la découverte du fusil sera finalement fixée à 13 h. 22, notamment sur la base d’une déclaration officielle d’Eugene Boone, adressée au shérif, le jour même... Du reste, il existe un indice puissant que, si l’annonce de la découverte du fusil et celle du meurtre de Tippit ont eu lieu simultanément – ce qu’aucun témoin ne conteste – ce ne peut être à 13 h. 22 : devant la commission Warren, le capitaine William R. Westbrook, chef du personnel de la police de Dallas, affirme avoir appris la nouvelle du meurtre de Tippit, alors qu’il se trouvait au TSBD, où il était arrivé entre 13 h. 10 et 13 h. 15, pour, d’ailleurs, en repartir, peu de temps après, à l’annonce qu’un suspect du meurtre venait d’être identifié sur Jefferson Boulevard ; or, à « environ 13 h. 25 », selon le journaliste James Ewell, qui l’accompagnait (interviewé par Myers, en 1986 – cf. « With malice », note 565), il se trouvait à la station-service située à l’angle de Jefferson Boulevard et de Crawford Street, où le suspect venait d’être aperçu, pour la dernière fois, alors que la distance entre le TSBD et la station (5,2 km de trajet urbain) ne peut être franchie, en voiture, dans le meilleur des cas, en moins de dix minutes (voire un peu moins, pour un véhicule policier de patrouille, comme l’était celui emprunté par Westbrook) ; heure de sa présence sur Jefferson Boulevard qu’avait, d’ailleurs, déjà permis d’établir le policier Thomas A. Huston, lorsque, devant la commission Warren, il affirmait que le capitaine se trouvait à la station-service, lors de la découverte du blouson ; laquelle fut annoncée sur la radio de la police, à 13 h. 25, ce qui permet d’affiner l’estimation d’Ewell, en situant l’heure d’arrivée de Westbrook sur les lieux, avant 13 h. 25. En 1968, lors d’une interview accordée à un journal californien, Craig feindra très probablement de se tromper, en déclarant que le meurtre de Tippit avait eu lieu à « environ 13 h. 40 » : « 13 h. 40 », était-ce se tromper sciemment dans un sens, après que d’autres eurent prétendu qu’il l’avait fait dans l’autre ? Auquel cas, il pourrait falloir non pas ajouter 18 minutes à 13 h. 22 mais les retrancher, ce qui donnerait l’heure exacte de la mort de Tippit ou, du moins, celle qu’aurait estimé être Craig : 13 h. 04 – hypothèse qui est, d’ailleurs, étayée par sa remarque ultérieure selon laquelle « il est juste d’admettre que Tippit était mort ou était en train d’être tué entre 13 h. 04 et 13 h. 06 », remarque fondée sur l’heure de l’annonce du meurtre constatée par lui-même et sur celle du dernier appel radio au véhicule du policier resté sans réponse, qu’il situe à 13 h. 04 (le registre de la police le situant entre 13 h., environ, et 13 h. 04, K. Myers estimant pouvoir le situer précisément à 13 h. 03 min. 14 s. – ibid., Timetable of events) (cf. « When they kill a president », chap. 2) (Pour d’autres indices sur l’heure de la mort de Tippit, voir page V).
Cette hypothèse du faux Oswald s’adressant à Tippit est d’autant plus vraisemblable que cinq témoins ont vu Tippit, seul, au volant de son véhicule, à l’arrêt, pendant une dizaine de minutes, dans une station-service, à la sortie sud du viaduc de Houston Street, entre environ 12 h. 45 et environ 13 h., en train de surveiller l’entrée de North Zang Boulevard, comme s’il guettait un véhicule devant entrer dans Oak Cliff (les témoins en question étant le couple Al et Lou Volkland, arrêtés pour faire le plein de leur voiture et qui le connaissaient bien, au point qu’ils le saluèrent, et trois employés de la station-service, dont les témoignages à tous ont été recueillis en 1966) (cf. Myers, ibid., note 270) ; direction d’Oak Cliff que lui-même finira par prendre subitement, en quittant le boulevard par Lancaster Avenue pour East 8th Street – à l’intersection desquelles, il annoncera se trouver, lors d’un contact radio, à 12 h. 54. Le véhicule guetté pourrait-il donc avoir été le fameux break Rambler remarqué par Craig ? Bien que le taxi censé avoir transporté Oswald à son domicile (voir infra) fût passé par le viaduc, il s'agissait d’un véhicule que ce dernier était censé avoir pris, à l’improviste, après s’être trompé de bus et s’être retrouvé pris dans l’embouteillage de Dealey Plaza, et donc sans que Tippit ait pu en être averti, auquel cas, il fallait à ce dernier non pas reconnaître le véhicule, mais son passager !... Lequel, plutôt que d’user d’un moyen à l’efficacité incertaine pour signaler sa présence dans le véhicule, au moment de passer devant le policier – comme un signe de la main – aurait certainement dû avoir usé, auparavant, d’un moyen plus sûr et déjà prévu dans l’organisation du complot pour l’avertir de son changement de mode de transport. Pourtant, la question de savoir si le Rambler transportant Oswald est passé par le viaduc reste posée. Pour y passer, il devait être revenu sur Dealey Plaza, via Main Street ou Commerce Street, comme le permettait l’absence de terre-plein sur une longueur de 15 mètres, à l’ouest du Triple Underpass, à l’endroit où Commerce Street se scinde en trois artères traversant la Place (cf. WCHE, vol. XXIV, p. 545-546) (manœuvre que pouvait justifier le fait qu'Oswald n'avait pu être ramassé sur Houston Street) ; or, il n’existe aucun témoignage faisant état du passage d’un break Rambler vert clair, dans les vingt minutes suivant l’attentat, sur les portions de Main Street et de Commerce Street traversant Dealey Plaza et sur celle de Houston Street reliant la Place au viaduc (trois rues où la circulation pouvait être suffisamment ralentie pour qu’on ne manquât pas de le remarquer). Il est donc probable que le Rambler a rejoint directement Oak Cliff, en gardant sa direction puis en prenant Beckley Avenue. A l’appui, on notera que la tâche de Tippit aurait été parfaitement justifiée qui aurait consisté à guetter le passage de celui qui, étant seul – en bus, puis en taxi – pouvait nécessiter d’être contrôlé, alors que, pris en main par le chauffeur du Rambler, Oswald était, de fait, déjà sous contrôle. L’option éventuelle de l’emprunt d’un taxi, pour suppléer à une défaillance du trajet par bus, pourrait avoir été prévue, et Tippit devait alors guetter, à la fois, bus et taxi. Aussi, si le chauffeur de taxi n’a pas menti en affirmant avoir transporté un individu ressemblant à Oswald, alors même qu’un autre individu lui ressemblant aussi se trouvait dans le Rambler et sera identifié, plus tard, grâce au témoignage de Craig, comme étant le vrai Oswald, et, par ailleurs, dans la mesure où Tippit a toute chance d’avoir guetté l’individu qu’il allait plus tard rencontrer sur 10th Street, c’est bien à un faux Oswald – transporté par taxi – que le policier pourrait avoir eu affaire, sur East 10th Street. Au demeurant, si on peut, de prime abord, ne pas comprendre pourquoi Tippit aurait dû guetter quelqu’un, bien en amont de l’endroit où, de toute façon, il avait rendez-vous avec lui, peu de temps après, on doit considérer qu’il pourrait avoir eu momentanément un rôle d’identification, de vérification, et ensuite de transmission, par le téléphone de la station-service, d’informations concernant d’éventuelles anomalies observées (ce qui n’aurait finalement pas été le cas, puisque aucun témoignage ne fait état qu’il serait sorti de son véhicule, avant de quitter la station).
Après que sa ressemblance avec Oswald (que Tippit connaissait, au moins pour fréquenter régulièrement le même snack-bar que lui, selon plusieurs témoins, voire, selon le tenancier d’un autre restaurant, pour avoir pris, plusieurs fois, son petit-déjeuner, dans son établissement, en sa compagnie et celle de Ruby) et/ou un détail vestimentaire de reconnaissance – le blouson, auquel pourrait s’être ajouté le demi-tour qu’il aurait subitement effectué, face à l’arrivée du véhicule de police, changement de comportement qui, qui plus est, aurait offert l’avantage de tromper d’éventuels témoins, en empêchant toute apparence de complicité entre les deux hommes – eut incité Tippit à arrêter son véhicule, dans sa ligne, à quelques mètres de lui, juste après avoir franchi l’intersection de East 10th Street et Patton Avenue, le faux Oswald pourrait s’être présenté à lui, en usant d’un stratagème, visant éventuellement à le faire sortir de sa voiture – quoique ce ne fût pas nécessaire – par exemple, en lui déclarant : « Oswald ne viendra pas, je suis chargé de vous en informer » ; ce qui expliquerait la façon posée, si ce n’est apaisée (après l’épisode dont nous parlerons), avec laquelle Tippit sort de son véhicule pour aller à sa rencontre ; ce qu’il fait probablement dans l’intention d’en savoir plus, notamment et d’abord sur l’identité de celui qui est venu à lui et dont il a finalement bien vu qu’il n’était pas Oswald, à moins que, précisément, la ressemblance l’empêche de se faire une idée bien nette sur la question, à propos d’un individu dont, par ailleurs, de toutes manières, il ne peut aussi négliger de se méfier (à vrai dire, il ne peut que lui rester des raisons de s’inquiéter, au cas où l’homme viendrait lui annoncer qu’Oswald vient d’être arrêté, sans compter qu’il pourrait même s’agir d’un stratagème utilisé par des enquêteurs auxquels Oswald aurait déjà parlé, stratagème visant à le confondre, lui Tippit – la première hypothèse étant, néanmoins, peu probable, dans la mesure où elle signifierait qu’un messager à pied eût pu être plus rapide que la radio). Par la suite, ce relevé d’identité pourra toujours lui servir de repère pour lui-même ou d’élément à faire valoir à ses « supérieurs ». Quelques minutes avant de faire cette funeste rencontre, soit entre 13 h. et 13 h. 05 (à 13 h. 03, un appel radio à son véhicule reste sans réponse, semblant indiquer qu’il n’est pas dans son véhicule), Tippit avait téléphoné depuis le magasin d’un marchand de disques, dont il était un habitué – et comme client, et comme sollicitant occasionnellement l’usage du téléphone – le « Top Ten Record », situé au 338 West Jefferson Boulevard, après y être entré précipitamment et avant d’en ressortir tout aussi précipitamment et, vraisemblablement, sans avoir obtenu son correspondant (à moins qu’il n’ait usé d’un code consistant à se taire pour être identifié, avant de ne faire que recevoir des consignes). Avait-il cherché à contacter Oswald, à s’assurer qu’il était bien sur la voie d'aller au rendez-vous prévu entre eux (ce qui pourrait indiquer qu’Oswald avait du retard) ? Auquel cas, il pourrait avoir téléphoné, alors que la logeuse d’Oswald, Mrs Earlene Roberts, était elle-même occupée au téléphone, à peu près au moment où ce dernier faisait son entrée à son domicile (au FBI, le 22 novembre 1963, elle déclare qu’elle était en train de regarder la télévision, et, le 29 novembre, elle précise qu’elle venait juste de l’allumer, après qu’une connaissance lui eut téléphoné la nouvelle de l’attentat, comme le confirme, devant la commission Warren, sa patronne, Mrs Gladys J. Johnson) (Précisons qu’il n’y avait pas de téléphone individuel pour les locataires, ces derniers n’ayant été joignables qu’au moyen de celui de la propriétaire ou, plus exactement, de sa représentante).
Mais, à vrai dire, ne peut-on pas inverser les rôles ? Le sosie, peu au fait du système de circulation des bus de Dallas, se trompe de bus, puis prend un taxi, qu’il fera ensuite arrêter bien au-delà du domicile d’Oswald, à 12 h. 56 (à environ 750 mètres, selon une première déclaration du chauffeur, devant la commission Warren, en mars 1964, avant que ce ne soit environ 550 mètres, selon une deuxième déclaration, devant la même commission, un mois plus tard – décalage qu’il justifiera, en disant s’être rendu compte de son erreur, lors d’une reconstitution dirigée par le FBI, la vérité étant, selon lui, que le client avait fait arrêter le véhicule avant qu’il n’ait atteint la destination initialement demandée, laquelle lui était seule restée en mémoire, au moment de l’inscrire sur son carnet de bord, assez longtemps après avoir effectué le transport – cf. page VI ; ce dont on peut douter, étant donné qu’un contrordre, qui plus est donné pendant l’action et vous obligeant à la modifier, est le genre de chose qui a tendance à rester en mémoire ; dans sa première déclaration, au bureau du shérif, le 23 novembre, il avait clairement précisé avoir déposé son client, au n° 500 et non au n° 700 – cf. WCHE, vol. XXI, p. 727 – et sur son carnet de bord se trouve être, en effet, inscrit un dépôt effectué au n° 500). En faisant arrêter le taxi bien au-delà du 1026 Beckley Avenue, le faux Oswald peut chercher à éviter d’être remarqué par les résidents et les voisins de la maison de Mrs Roberts, et notamment par Oswald lui-même, qui peut s’y trouver déjà (et attend peut-être, pour ressortir, le fameux double coup de klaxon, qui, selon Mrs Roberts, finira par être donné devant son domicile par une voiture de police à bord de laquelle se trouvent deux agents, et qui, comme nous le verrons, n’est sans doute pas celle de Tippit). Puis il se dirige, à pied, vers le sud d’Oak Cliff – direction que, dans sa première déclaration, faite à la police de Dallas, le 23 novembre, affirme lui avoir vu prendre Whaley, avant de déclarer, plusieurs mois plus tard, à la commission Warren, qu’il n’avait pas pu observer s’il était parti vers le nord ou vers le sud, la première direction se trouvant être celle du domicile d’Oswald. Toutes choses qui, du reste, laissent irrésolue la question du carnet de bord du taxi : d’une part, que le client ait été déposé trop loin du domicile d’Oswald pour avoir pu s’y rendre, à pied (il lui aurait fallu 6 min. 30 à 7 km/h.), avant de gagner 10th Street, à l’heure du meurtre de Tippit, pourrait avoir justifié que Whaley rectifie ensuite l’adresse du dépôt, dans la mesure où, du point de vue de ceux qui l’auraient enjoint de faire cette rectification, il n’aurait pas été prévu que son client eût d’abord perdu du temps à échouer à se rendre à son domicile en bus, voire pas même prévu qu’il s’y rende (car n’oublions pas que la destination du bus pris était Marsalis Avenue et que, lors de son interrogatoire du matin du 23, Oswald est censé n’avoir avancé comme seule raison pour laquelle il l’avait quitté : « parce que la circulation était encombrée » – « because the traffic was heavy ») ; d’autre part, étant donné que, au moins ce jour-là, le chauffeur notait l’heure de montée de ses clients, en n’utilisant que les chiffres ronds des dizaines ou des quinzaines, n’aurait-il pas dû noter, pour ce qui est du départ, 12 h. 40, au lieu de 12 h. 30, la station de bus où il attendait se trouvant à environ cinq cents mètres du TSBD, d’où le client n’avait pas pu partir avant 12 h. 34, et, par ailleurs, pour ce qui est de l’arrivée, noter 12 h. 50 ou 13 h., au lieu de 12 h. 45 ? La question serait sans doute moins proche d’être irrésolue, si on pouvait admettre que l’épisode du bus a été inventé, dans le but d’accréditer qu’Oswald était bien rentré chez lui, seul, par ses propres moyens, et en état de panique (raison pour laquelle il n’aurait pas pris le bon bus)... comme le corroborerait le fait qu’un seul témoin affirmera, jusqu’au bout, l’avoir vu dans le bus... une certaine Mary Bledsoe, qui l’avait logé, pendant une semaine, un mois et demi auparavant, et le détestait... et qui, finalement, elle-même, ne sera assurément identifiée comme ayant été présente dans le bus par aucun de ses occupants identifiés : le chauffeur McWatters et l’étudiant Milton Jones, qui tous deux avaient déclaré que le suspect portait une veste bleue et était assis à l’avant, quand Bledsoe le disait en chemise brune et assis à l’arrière !
En définitive, les dilemmes que nous venons d’exposer disparaissent – du moins, se déportent sur un usurpateur de l’identité d’Oswald – si on admet qu’Oswald a gagné son domicile, à bord du Rambler, en est ressorti, vers 13 heures, sous le coup d’un signal convenu, pour se rendre à un rendez-vous dont l’horaire, pour ne pas dire le rendez-vous lui-même, était fictif, et tomber dans le guet-apens de son arrestation (qui aurait dû être celui de son élimination). Au demeurant, lorsque, ayant constaté le retard – du moins, l’absence – d’Oswald, Tippit téléphone du Top Ten Record, il pourrait avoir cherché à contacter – obéissant en cela à des consignes – non pas Oswald, mais un « supérieur », qu’il pourrait avoir obtenu et qui lui aurait alors indiqué que l’horaire, voire aussi le lieu, était changé et qu’il devait, en quelque sorte, se rendre à un nouveau rendez-vous, en suivant de nouvelles coordonnées... qui, en fait, auraient été celles-là mêmes du tueur qui l’attendait (le retard ou la défection d’Oswald ayant donc été planifiés) ; hypothèse cependant moins probable que celle d’une pure et simple désinformation préalable de Tippit concernant la nature du rendez-vous, mais pas concernant son heure et son lieu, à moins qu’on eût cherché à le maintenir dans l’ignorance de l’horaire et du lieu, jusqu’au dernier moment, pour écarter tout risque de fuite pouvant avoir des effets contrariant le rendez-vous lui-même (Par exemple, si Oswald n’avait pas rendez-vous à l’endroit exact où devait être commis le meurtre – ce qui ne l’aurait pas empêché de pouvoir se trouver dans ses parages, dans la perspective qu’on lui attribuât celui-ci – il valait mieux que Tippit connût le même lieu de rendez-vous que lui, au cas où ils auraient pris contact entre eux, avant les événements et indépendamment de leurs « supérieurs »). En effet, la raison pour laquelle Tippit ne va pas directement prendre les coordonnées du rendez-vous de 13 h. 05, au Top Ten Record (voire à la station-service située à la sortie du viaduc), en faisant l’économie du faux rendez-vous de 12 h. 55, pourrait être que lui et Oswald avaient été préalablement informés des mêmes coordonnées (12 h. 55, à l’intersection de Patton Avenue et de 10th Street), dans le but d’être mis en confiance, aussi bien l’un envers l’autre qu’envers leurs « supérieurs », au cas où ils auraient communiqué entre eux, avant l’heure. De son côté, Oswald aurait été informé, in extremis (par exemple, par le chauffeur du Rambler, au moment où il le dépose à son domicile), du changement des modalités de la rencontre qui devait avoir lieu : attente d’un signal pour se mettre en route (double coup d’avertisseur) et/ou nouvelle heure précise à laquelle se présenter sur les lieux. Laisser l’un et l’autre dans l’ignorance permettait de découpler (séparer) leurs actions et d’éviter toute interférence d’un tiers avec le rendez-vous réel (à savoir celui fatidique) (nonobstant l’intervalle assez bref de 10 minutes qui pouvait risquer d’être insuffisant), tiers que l’un des deux aurait pu avoir commis la négligence d’informer. Du reste, le lieu du rendez-vous initial pourrait ne pas avoir été le même que celui du nouveau (aucun témoignage ne faisant état du passage du véhicule de Tippit sur East 10th Street, dans le sens est-ouest, qu’il a pourtant dû suivre, s’il est passé par cette rue, depuis Lancaster Avenue), afin que le vrai et le faux Oswald ne se croisent pas, ce que permettait encore d’éviter la différence d’horaires (cette différence de lieux n’étant néanmoins pas nécessaire, dans la mesure où la différence d’horaires pouvait suffire, en vertu d’un rigoureux minutage – que peut attester le double coup de klaxon devant le domicile d’Oswald – ayant fait arriver le faux Oswald sur les lieux suffisamment de temps avant le vrai Oswald). Ainsi, le vrai et le faux Oswald ne risquaient pas d’emprunter les mêmes rues, et encore moins au même moment. Quant à l’épisode de l’immobilisation et de l’inspection du véhicule de James A. Andrews (voir infra), s’il est bien authentique (il s’agit d’une confidence faite par l’intéressé lors d’une interview accordée à Greg Lowrey, et couchée sur son testament, avant de mourir – ce qui n’est pas pour infirmer son authenticité), il aurait eu lieu avant le coup de téléphone donné depuis le magasin de disques, alors que Tippit s’inquiétait de l’absence d’Oswald (quoique aucun témoignage ne permette d’établir assurément qu’il aurait eu lieu avant ou après : Andrews pense qu’il eut lieu, peu après 13 h., et, de son côté, Louis Cortinas, un employé du Top Ten Record, pense que le départ de Tippit du magasin n’eut lieu « pas plus de dix minutes » avant qu’il n’apprenne, par la radio, qu’il avait été tué – ce que n’infirme pas absolument la seule trace d’une première diffusion radiophonique de l’information à avoir subsisté, qui la situe aux alentours de 13 h. 25 – cf. McBride, « Into the nightmare », p. 507 – délai entre le départ de Tippit et sa mort déjà fragile et que n’aurait donc pu que fragiliser encore plus le temps nécessaire à l’inspection du véhicule, même si celle-ci est décrite par Andrews comme ayant été presque fulgurante ; au demeurant, la grande rapidité de la diffusion radiophonique de l’information, déjà étonnante, étant à rapprocher de la quasi-simultanéité, étonnante s’il en est, du meurtre et de la nouvelle de celui-ci parvenant à Roger Craig).
Au demeurant, il pourrait exister une alternative au dilemme du bus et du taxi ayant untel à bord et du break Rambler ayant untel autre à bord. Au cours de l’interrogatoire du matin du 23, Oswald a déclaré, dans un premier temps, que, pour se rendre chez lui, il avait pris le bus, puis qu’il avait dû marcher à pied sur une courte distance (cf. Warren Report, Appendix XI, p. 604, ou WCHE, vol. XXIV, p. 267) (Rappelons qu’un ticket de correspondance délivré par un chauffeur de bus, à l’intersection d’Elm Street et Lamar Street, à 12 h. 44, et censé n’avoir finalement pas été utilisé, aurait été retrouvé sur lui, dans les heures ayant suivi son arrestation – c’est, du moins, ce qui sera affirmé par la police de Dallas et le FBI, le lendemain, et ce qu’Oswald lui-même est censé avoir reconnu, dans un deuxième temps du même interrogatoire, quoique sans préciser qu’il ne l’avait pas utilisé, et tout en revenant donc, une nouvelle fois, sur sa déclaration précédente – celle de la fin de l’après-midi de la veille, selon laquelle il avait quitté Dealey Plaza, au moyen du Rambler – qui elle-même revenait sur celle du début d’après-midi – cf. supra – la non-utilisation de ce ticket tendant finalement à prouver que, à moins d’avoir utilisé un autre moyen de transport que le bus, il aurait dû parcourir, à pied, l’intégralité du trajet entre le TSBD et chez lui, soit la distance d’environ 3,5 kms. – cf. WCHE, vol. XXIV, p. 18 et 267). Ce n’est donc qu’ensuite, pendant le même interrogatoire, alors que Fritz l’interrogeait sur sa présence dans un taxi conduit par William Whaley, qu’Oswald admettra avoir emprunté ce taxi. Le matin même du 23, la police de Dallas venait d’être mise sur la voie de William Whaley et de son témoignage, via un autre chauffeur de taxi de la même compagnie, William Scoggins (celui-là même qui venait d’être, la veille, l’un des témoins du meurtre de Tippit et qui, dans la journée du 23, allait reconnaître le meurtrier en la personne d’Oswald, au cours d’une séance d’identification, à laquelle allait aussi participer Whaley !). Scoggins venait, en effet, d’informer la police que l’un de ses collègues affirmait avoir pris, la veille, un client qu’il avait depuis identifié comme étant Oswald, après avoir vu la photo de ce dernier dans un journal (ce que confirmera Whaley, devant la commission Warren). On peut donc supposer que, fort de cette nouvelle information, qui, malgré les difficultés d’horaires qu’elle impliquait, lui permettait de résoudre le dilemme d’un Oswald ayant pris un bus dans la mauvaise direction et se trouvant donc dans la totale impossibilité d’avoir été chez lui à treize heures, Fritz serait parvenu à obtenir d’Oswald l’aveu qu’il avait pris le taxi de Whaley, après avoir pris le bus, ce qui lui aurait permis d’être chez lui à treize heures. Or, il n’est pas difficile de supposer que, au lieu d’avoir pris le taxi, Oswald a pris le Rambler, à savoir l’un des deux ou trois véhicules qui pourraient s’être trouvés en attente dans les parages du TSBD, dans la demi-heure après les tirs, prêts à prendre à son bord tout membre du complot qui l’estimerait utile. Oswald est censé être descendu du bus à 12 h. 44, un peu avant l’intersection d’Elm Street et Lamar Street, sans doute parce qu’il y avait embouteillage, et peut-être, donc, aussi parce qu’il avait pris le mauvais bus (quoique le fait d’avoir été déposé sur Beckley Avenue ou sur Marsalis Avenue pouvait ne pas changer grand-chose, eu égard à ce qu’il avait à faire, dans Oak Cliff, cet après-midi-là). Il aurait donc estimé pouvoir gagner du temps, en finissant de remonter, à pied, Elm Street, jusqu’à Dealey Plaza. Une fois arrivé au Grassy Knoll, il aurait appelé le chauffeur du Rambler, en émettant « un sifflement perçant » (« a shrill whistle ») (comme le rapporte à son supérieur Craig, dès le lendemain), et cela, environ un quart d’heure après les tirs contre le Président (comme le rapporte encore Craig, implicitement devant la commission Warren, et explicitement devant l’enquêteur Mark Lane, en 1967, Craig qui entrera dans le bâtiment du TSBD, environ vingt minutes après ces tirs). Par conséquent, le faux Oswald, quant à lui, pourrait s’être dirigé directement, depuis le TSBD ou, plus vraisemblablement (comme nous le supposions déjà, en admettant le risque qu’aurait constitué sa présence au TSBD), depuis un autre endroit, vers le taxi, être monté à son bord et s’être fait déposer sur Beckley Avenue, loin en aval du domicile d’Oswald. A l’appui de cette hypothèse, on se posera cette question : pourquoi Oswald aurait-il avoué, d’emblée, avoir pris le bus, sans avouer qu’il avait aussi pris le taxi, s’il avait bien pris les deux ? Si avoir pris le taxi pouvait être éventuellement un indice qu’il cherchait à accélérer sa fuite, marcher sur 400 mètres pour rejoindre le taxi, puis se trouver, de nouveau, à une station, aurait pu être un autre indice relativisant, et donc atténuant, le premier, dans la mesure où il aurait eu ainsi augmenter son risque d’être pisté. Quant à la raison pour laquelle il n’aurait pas pris directement le Rambler, il n’est pas difficile de la supposer : le véhicule ne se serait pas trouvé dans son champ de vision, alors qu’il sortait du TSBD, et il aurait donc préféré aller sans tarder prendre le bus, auquel il était habitué ; ou encore il avait, dès le départ, renoncé à emprunter un véhicule du complot.
Peut-être Tippit était-il censé avoir pour mission – du moins, aux yeux d’Oswald – de permettre et de protéger la fuite de celui-ci. Le fait que, le matin même, de façon tout à fait exceptionnelle, Oswald avait laissé son alliance dans une coupe posée sur la commode de la chambre où lui et sa femme venaient de passer la nuit, dans la maison des Paine, à Irving (où Marina Oswald s’était installée pour s’éloigner – ou être tenue éloignée – de son mari et trouver une aide matérielle et psychologique, en dehors des week-ends : récente immigrée russe ignorant l’anglais, elle trouvait notamment en Mrs Paine une personne connaissant le russe), ainsi que 170 dollars, dans un tiroir du meuble – où, selon Marina, il lui arrivait de laisser, en guise d’épargne (ne disposant plus de compte en banque, depuis 1959), une somme qu’elle estime n’avoir jamais dépassé cinquante à soixante-dix dollars – pourrait signifier qu’il avait choisi de s’exiler et de se séparer définitivement de sa femme, au demeurant, à un moment où le couple venait de connaître une suite de fortes dissensions, dont il n’est d’ailleurs pas impossible qu’elles aient été subtilement alimentées, si ce n’est provoquées, par les Paine (La remise de l’alliance et d’une somme d’argent relativement importante pourrait avoir été une manière pudique mais tout aussi tranchée d’exprimer ce choix). D’un autre côté, le 21 au soir, sans mettre sa femme au courant de l’attentat qui allait avoir lieu, Oswald pourrait avoir cherché à la convaincre – outre de se réconcilier avec lui – de le suivre, le lendemain ou les jours suivants, à sa nouvelle résidence, sa nouvelle situation, qui lui auraient été promises, en contrepartie de sa participation à l’attentat. Marina aurait été plus que réticente, d’où la dispute et la nuit agitée – surtout pour Lee – qui eurent lieu (A l’appui, on notera, d’une part, que, devant la commission Warren, Mrs Paine affirme que « juste la nuit avant [l’attentat], Lee a dit [à Marina] qu’il espérait qu’ils pourraient obtenir bientôt un appartement pour être à nouveau ensemble », et, d’autre part, que la même commission interroge assez longuement Marina sur le souhait qu’aurait pu éventuellement exprimer récemment son mari de trouver un nouveau logement pour le couple, et qu’elle y répond positivement, en parlant d’un projet de déménagement à Dallas, et en affirmant qu’elle n’avait pas été d’accord, l’ayant estimé prématuré, réponse qui pourrait avoir visé à masquer un projet de déménagement à l’étranger). Afin de s’isoler de son mari, ce soir-là, elle s’enfermera dans la salle de bain, pendant une heure, et se mettra au lit, longtemps après lui (la dispute pourrait aussi avoir été la continuation de celle particulièrement vive commencée au téléphone, dans la semaine, après que Marina eut appris que Mrs Paine n’avait pas réussi à le joindre, au téléphone, chez Mrs Roberts, en tout début de semaine, pour la raison qu’il logeait chez elle, sous le pseudonyme O. H. Lee, qui a d’ailleurs été mal noté O. F. Lee, dans le registre des locataires – ce dont personne n’était au courant – déconvenue qui fut à ce point mal vécue par Marina qu’elle lui fit lui déclarer, de façon très résolue, qu’elle ne souhaitait plus le revoir). Le matin du 22, Oswald aurait renoncé à se lancer dans une nouvelle tentative de la convaincre, mais aurait pensé lui laisser une chance et les moyens de se décider, en lui laissant son alliance et une somme d’argent – ce qui pourrait avoir été une façon de lui dire : « Si tu tiens encore à moi, apporte-moi cette alliance à l’endroit que je t’ai dit, je te laisse pour cela l’argent nécessaire au voyage ».
S’il ne fait guère de doute qu’Oswald avait rendez-vous avec Tippit, il est, par contre, peu probable que le Texas Theatre – qui fut la destination ultime du premier – était le lieu de ce rendez-vous, mais que l’était plutôt East 10th Street ou ses environs – qui fut la destination ultime du second. Alors qu’Oswald se rend à pied à ce rendez-vous, c’est après avoir constaté, probablement de loin (soit – si l’on admet qu’il est arrivé par Crawford Street – depuis l’intersection de cette rue avec East 10th Street, à une distance d’environ 150 mètres de l’endroit où a eu lieu le meurtre de Tippit), que le policier venait d’être abattu, du moins qu’il y avait un cadavre au sol (son corps était allongé devant l’angle avant gauche de sa voiture, stationnée en direction de l’est, sur le côté droit, au sud, autrement dit bien dans le champ de vision d’un piéton se présentant à l’une des intersections de la rue, et notamment arrivant par le nord, ce même piéton ayant pu aussi avoir entendu les coups de feu), qu’il commence à soupçonner le piège dans lequel on l’a mis ; piège que pourraient, du reste, attester deux témoins : Doris Holan, qui ne sera jamais entendue par les enquêteurs officiels, et Sam Guinyard, qui ne sera pas entendu officiellement sur ce point, leurs témoignages ayant dû être finalement recueillis par le chercheur Michael Brownlow, respectivement, quelques mois avant le décès de Holan, en 2000, et en 1970. La première, depuis l’étage de sa maison située, de l’autre côté de la rue, en face de la scène du meurtre, vit, « quelques minutes après 13 h. », une seconde voiture de police s’avancer lentement, depuis le sud, dans une allée étroite parallèle à Patton Avenue et débouchant sur la scène du meurtre, un homme en sortir et aller inspecter la tête de Tippit allongé, avant de revenir rapidement vers la voiture qui s’était mise à reculer dans l’allée pour pouvoir sortir sur Patton Avenue, par une allée parallèle à 10th Street. Le second, qui remontait, à pied, Patton Avenue, pour aller voir la scène du meurtre, dont les tirs venaient de l’alerter, vit la même voiture manœuvrer dans les mêmes allées (À noter que l’allée étroite débouchant sur le lieu du meurtre séparait les maisons situées en deuxième et troisième depuis l’angle de Patton Avenue, dont l’une était divisée en cinq appartements, à propos desquels Karl Myers note qu’aucun des occupants n’a jamais pu être contacté, seul l’enregistrement radiophonique du témoignage d’une Mrs McRavin, que nous avons déjà cité, en en soulignant le caractère douteux, faisant de cette dernière l’un d’eux et, du reste, un témoin du meurtre ; l’autre maison étant divisée en deux appartements, dont l’un pourrait avoir servi de résidence à Tippit, à la même époque, bien que l’élément sur lequel semble avoir été principalement fondée cette hypothèse fût, de l’avis de Virginia Davis, qui habitait la première maison, située à l’angle, un lapsus qu’elle aurait commis devant la commission Warren, en voulant dire que la voiture de Tippit était garée près de la maison où « nous vivons » – « we live » – et non, comme le mentionne le procès-verbal, où « il vit » – « he lives » – lapsus qui aurait été ensuite interprété par certains comme l’indice qu’elle avait souvent vu, dans un passé récent, la voiture du policier garée à proximité – lequel, pour autant, était bien connu des témoins Acquilla Clemons, William Scoggins et Jimmy Burt pour fréquenter le quartier, et avait une amie résidant plus loin, dans la même rue ; rectification de Davis qui, si on l’admettait, laisserait irrésolue la question de savoir qui occupait véritablement les deuxième et troisième maisons… En admettant, à la suite de John Armstrong, que l’un des appartements de la troisième servait de résidence secondaire à Tippit, cela ne signifierait pas nécessairement que celui-ci savait que le rendez-vous avec Oswald devait avoir lieu, à cet endroit précis, mais poserait, néanmoins, la question de la synchronicité – peut-être accidentelle – de son passage et de celui du piéton à cet endroit – cf. Myers, « With malice », ch. 9, et Armstrong, « The pre-arranged murder of J. D. Tippit »). Les occupants de la seconde voiture de police pourraient avoir été, outre en charge de vérifier la mort de Tippit, en charge de monter une embuscade contre Oswald, qui l’aurait donc déjouée, en renonçant à s’avancer vers le véhicule de ce dernier (Ajoutons que l’homme vu par Holan est probablement celui vu par Frank Wright, au moment où les coups de feu venaient de le faire sortir de sa maison, située à l’angle nord-ouest de 10th Street et Denver Street : homme habillé d’une longue veste, ne semblant pas avoir une arme dans les mains et inspectant le corps étendu, homme que, lors d’une interview par George et Patricia Nash en 1964 – cf. WCD 87 – Wright dit avoir vu monter ensuite dans un vieux coupé gris garé du côté et à l’ouest du véhicule de Tippit, avant d’infirmer ce détail, lors d’une interview par Earl Golz en 1997, au moment de préciser n’avoir pas vu l’homme monter dans le véhicule, mais l’avoir vu et entendu crier en direction de son chauffeur – véhicule gris qui pourrait donc avoir été celui d’un simple passant, arrêté pour observer la scène qui venait d’avoir lieu, puis incité à déguerpir, avant de ne plus jamais souhaiter faire reparler de lui. À noter que, à la différence de Holan qui avait une excellente vue sur la scène, qu’elle dominait et qu’elle avait dans sa ligne, Wright était à son niveau et la voyait selon un angle lui dissimulant l’allée et une grande partie de ce qui se trouvait au sud-ouest du véhicule de Tippit). Après avoir observé, de loin, la scène du meurtre, une association d’idées et d’images se serait opérée en Oswald : le tireur sosie du TSBD, sa propre arme présente au 5ème étage, enfin l’homme avec qui il avait rendez-vous, abattu dans la rue (à quoi l’on pourra ajouter, comme nous l’expliquerons, le port d’un blouson gris clair, ainsi que le pistolet que lui aurait remis Ruby, à la sortie du TSBD, selon Mrs Velez, et de quoi l’on pourra retrancher l’existence d’un tireur sosie au TSBD, sans doute trop risquée, quoiqu’une vague ressemblance pouvait suffire à créer la confusion chez des observateurs forcément éloignés d’une fenêtre du 5ème étage, sans éveiller la méfiance d’Oswald, et peut-être même retrancher la présence du Mannlicher-Carcano au 5ème étage, qu’Oswald pourrait avoir ignorée, comme nous le verrons). La panique le gagne ou n’est pas loin de le gagner : l’image d’une voiture de police en patrouille ou en alerte se rapprochant de lui commence à le hanter. Cette image finit par s’incarner, sur Jefferson Boulevard : une voiture filant vers l’ouest, sirène hurlante, comme le rapporteront plusieurs témoins, dont Johnny C. Brewer ; il cherche alors refuge dans l’entrée du magasin de chaussures de ce dernier (quoique cela ne soit pas certain, comme nous le verrons, lorsque nous tenterons d’établir que c’est son sosie qui l’a fait), puis dans le Texas Theatre, où il est finalement arrêté.
Quelle que fût la mission véritable de Tippit – protéger ou éliminer Oswald – elle pourrait s’être heurtée au fait que ce dernier avait du retard. Tippit aurait donc cherché à le joindre, depuis le magasin de disques. Si l’on admet qu’Oswald était le client du taxi, pour se rendre à son domicile, au 1026 North Beckley Avenue, vers 13 h., il se serait fait déposer, comme l’indique le carnet de bord du taxi, au n° 500, à plusieurs centaines de mètres de son domicile, qui plus est, après l’avoir dépassé, dans la direction du sud d’Oak Cliff, le lieu probable du rendez-vous, comme s’il avait d’abord prévu de s’arrêter chez lui, puis y avait renoncé, jugeant n’avoir pas assez de temps, avant finalement de se raviser, s’étant persuadé qu’il était trop imprudent de garder sur lui les vêtements qu’il portait au TSBD (Devant le capitaine Fritz, l’agent du FBI James Bookhout et l’agent du Secret Service Thomas Kelley, il affirmera avoir changé de chemise et de pantalon – et même de tee-shirt, comme semble l’avoir relevé Fritz, dans une note manuscrite – car ils étaient sales ; témoignage qui, nonobstant l’éventuel prétexte de la saleté, est hautement vraisemblable, outre pour la raison que nous venons d’évoquer, pour la raison qu’il pourrait avoir été persuadé de se préparer à effectuer un départ définitif de Dallas, probablement pour l’étranger) et/ou qu’il était trop imprudent de n’être pas armé – ou encore – mais au cas où il n’aurait pas eu de retard... ni d’horaire fixé à l’avance – qu’il était trop imprudent de ne pas attendre le signal convenu du double coup de klaxon ; autant d’hypothèses néanmoins gênées par deux éléments : le chauffeur du taxi, William Whaley, déclarera, à la police de Dallas, d’une part, que son client était calme et peu pressé – alors que, de son côté, Mrs Roberts affirmera avoir vu arriver à son domicile un Oswald « assurément très pressé » (Rapport du FBI du 22 novembre 1963) « marchant avec une rapidité exceptionnelle » (Commission Warren) – quoiqu’on ne doive pas négliger les effets du tempérament introverti d’Oswald, qui pourraient, d’ailleurs, en avoir trompé d’autres, en d’autres occasions (à la rigueur, Oswald pourrait s’être énervé, une fois descendu du taxi, peut-être même pour une raison que nous ignorons) – et, d’autre part, que, une fois déposé, il marcha vers le sud, c’est-à-dire dans la direction opposée à celle de son domicile – quoique, plus exactement : il traversa la rue en diagonale vers le sud, l’observation n’ayant pas pu se prolonger, parce que le taxi, qui n’était pas stationné, devait repartir ; on peut néanmoins le soupçonner d’avoir cherché à gagner l’angle de East 8th Street, pour ensuite gagner Patton Avenue ou Crawford Street. N’obtenant pas de communication au téléphone, Tippit soupçonne toujours plus qu’Oswald se méfie, se défile, ou encore qu’il a été arrêté, en un mot, qu’il lui échappe ; ce qui peut n’être pas sans graves conséquences pour lui : soit parce qu’il a bien compris que ces « supérieurs » sont tout à fait prêts à l’en punir et surtout à s’assurer de son silence définitif, alors que n’ayant pas pu remplir le contrat, il devient d’autant plus quelqu’un susceptible de se confier ; soit parce qu’il soupçonne qu’Oswald est déjà arrêté et qu’il peut donc se mettre à parler du complot et, au passage, du rôle qu’y tient un certain Tippit. Raison pour laquelle il panique. Il fonce, au volant de son véhicule, entre Bishop Street et East 10th Street. A ce moment, se situe peut-être la scène de sa rencontre de l’automobiliste James A. Andrews, sur West 10th Street (comme l’indiquerait l’heure estimée par ce dernier, mais comme l’infirmeraient, outre l’indice fourni par Cortinas que nous avons déjà mentionné, le fait que, selon Andrews, tous deux roulaient vers l’ouest, et, dans l’hypothèse où Tippit venait de recevoir, au téléphone du magasin, de nouvelles coordonnées de rendez-vous, le fait qu’il n’avait plus aucune raison de s’inquiéter de l’endroit où pouvoir trouver Oswald – hypothèse de la postérité de cette rencontre à la visite au magasin que nous ne privilégions donc pas, comme nous le verrons, p. V, et qui, du reste, si on la rapporte aux nombreux témoignages situant l’heure du meurtre de Tippit vers 13 h. 06, tendrait à prouver que le témoignage d’Andrews est un faux-témoignage qui ne vise ni plus ni moins qu’à corroborer l’heure officielle du meurtre inscrite dans le rapport de la commission Warren : « aux environs de 13 h. 16 »). Lors de cette rencontre, il dépasse le véhicule d’Andrews – un modèle récent de Chevrolet – et le force, d’une queue de poisson, à s’immobiliser, afin d’en inspecter la banquette arrière et l’espace intermédiaire avec l’avant, où il peut avoir pensé qu’Oswald, l’ayant aperçu ou non, s’est caché ; puis, sans avoir adressé la parole au chauffeur, il se remet en route, dans la direction opposée, et roule soudain, au ralenti, dans East 10th Street, notamment près de l’intersection de Patton Avenue (comme en ont témoigné William Scoggins et Helen Markham), l’endroit où il pense avoir reconnu la silhouette d’Oswald, en celle d’un piéton, ou encore où un piéton pouvant ressembler à Oswald vient de lui faire signe de la main (Notons qu’Andrews était un représentant d’une société d’assurance dont l’enseigne pouvait figurer sur le véhicule, à moins que la fonction de gardien d’un restaurant situé à une trentaine de mètres du siège de cette société qu’assurait, par intermittence, Tippit lui permettait de déjà très bien connaître le véhicule comme étant le sien ; maison d’assurance dont un certain Roscoe White était encore employé, quelques mois auparavant, avant de devenir, début octobre, policier de Dallas, à la section de recherche criminelle, tout en continuant d’entretenir des liens d’amitié avec Jack Ruby, qui avait, du reste, sa femme, Geneva White, parmi ses employées – Ruby bien connu, par ailleurs, pour ses multiples implications dans les événements du 22 novembre et des jours suivants, la moindre n’étant sans doute pas l’assassinat d’Oswald, le 24 ; Ruby qui logeait sur South Ewing Street, non loin de East 10th Street, et qui, tout comme White, connaissait très bien Tippit ; White des affaires duquel, après sa mort, en 1971, sa femme exhibera une version inédite de la fameuse photo montrant Oswald brandissant son fusil, d’une main, et, de l’autre, un journal communiste, dont les versions les plus connues sont celles censées avoir été découvertes par la police de Dallas, dans les affaires d’Oswald, chez les Paine, le 23 novembre, et que, le jour-même, Oswald avait dénoncées comme étant des montages, comme le confirmeront, plus tard, de nombreux experts ; et White dont le témoignage de son fils – basé notamment sur la découverte du journal de son père, qu’aurait, par la suite, confisqué le FBI – selon lequel il était l’un des tireurs du Grassy Knoll, et celui ayant tué Tippit, pourrait avoir été une tentative intéressée de désinformation, comme ne serait pas pour l’infirmer le fait que, dans les années 1990, Geneva White produira un second journal, vite révélé comme étant un faux – cf. Marrs, « Crossfire », p. 299-302, et McBride, « Into the nightmare », p. 584-592 – La voiture d’Andrews aurait donc pu être soupçonnée par Tippit d’être une doublure et de le mettre dans une mauvaise posture, en lui faisant notamment soupçonner qu’il se trouvait engagé dans une histoire dont il ne connaissait pas tous les ressorts). L’hypothèse avancée par Jack Myers (dans son article « Why officer Tippit stopped his killer », appuyé sur les recherches de Greg Lowrey, Harrison Livingston, Michael Brownlow et Bill Pulte), selon laquelle Tippit s’était mis à la recherche d’une Mercury Monterey (ou Lincoln) bleue sur la banquette arrière de laquelle un homme venait d’être jeté par ses agresseurs, après avoir été violemment poignardé, sur Marsalis Avenue, pourrait être une fausse piste, pour plusieurs raisons : aucune archive de police ne contient la trace d’une telle agression, dont la scène semble avoir été diversement située par les témoignages, soit à l’angle de 10th Street, soit à l’angle de 12th Street, témoignages dont le premier à avoir été recueilli (par Greg Lowrey) l’a été sous condition de rester anonyme, un autre (à moins qu’il ne s’agisse du même) ayant été celui d’un enfant d’une dizaine d’années (nommé Holan), qui circulait à vélo dans le quartier, au moment du meurtre de Tippit, un autre encore celui de Cecil Smith, décédé sans avoir laissé aucun enregistrement écrit ou oral de ce dont il aurait été témoin. Selon J. Myers, Tippit aurait été averti de l’agression, dès sa sortie du Top Ten Record, par l’appel radio de 13 h. 03 (pourtant enregistré comme simple contrôle de localisation), auquel il n’aurait pas répondu autrement qu’en s’exécutant, d’abord, en inspectant la Chevrolet d’Andrews, sur West 10th Street, puis en interrogeant et contrôlant un piéton, sur East 10th Street, qui arrivait de la direction de Marsalis Avenue… et qui n’aurait été autre qu’Oswald… toutes choses qui n’expliqueraient pourtant aucunement pourquoi, avant l’appel radio, Tippit, en quête d’un téléphone, entre et ressort précipitamment du magasin, « bouleversé ou inquiet », et pourquoi, après l’appel, il ne demande pas à Andrews s’il n’a pas croisé une Mercury bleue, ni même s’il n’a pas été témoin de l’agression…
La raison pour laquelle les comploteurs procèdent à l'élimination de Tippit (soit par la main d’Oswald, soit par la main d’un sosie de ce dernier) est double. Premièrement, le meurtre d’un policier justifie qu’une chasse à l’homme impitoyable soit ouverte contre Oswald, dès lors quasiment abattable sans sommation (le fait que son arrestation ait finalement dû avoir lieu dans une salle de cinéma, au moment d'une projection, a pu gêner l’exécution de ce plan – à noter que, une fois entré dans la salle, probablement au gré de son habituation à la pénombre lui permettant de distinguer progressivement les endroits où est assis le public, il change plusieurs fois de place, en s’asseyant, à chaque fois, à côté d’autres personnes, au demeurant peu nombreuses dans la salle, comme s’il cherchait à éviter de constituer une cible isolée et donc facile ; qui plus est, jusqu’au moment où un policier s’approche de lui, dans une travée, pour procéder au contrôle de son identité, il garde parfaitement son calme, ce qui rend injustifiable que l’on tire sur lui, notamment sous le regard de témoins – notons que ce contrôle d’identité n’aura finalement pas lieu dans le Texas Theatre, puisque le portefeuille d’Oswald, contenant des papiers à son nom et une carte avec sa photo au nom d'Alek James Hidell, ne sera extrait d’une poche arrière de son pantalon que dans la voiture de police le conduisant au poste central de cette dernière). Deuxièmement, ce meurtre de Tippit permet de supprimer un membre secondaire du complot (n’appartenant pas au milieu de ses commanditaires ou de ses principaux exécutants et, à ce titre, peu sûr) – secondaire, mais, pour autant, sans doute bien informé de certains éléments décisifs. Enfin, notons que si Oswald avait été à l’heure au rendez-vous et avait donc été éliminé par Tippit, l’élimination de ce dernier aurait pu avoir été prévue pour plus tard. Du reste – hypothèse inverse d’une autre que nous avancions – peut-être Oswald avait-il été informé, au gré d’un stratagème, d’un changement d’horaire, sans que Tippit l’eût été, auquel cas, les deux hommes ne pouvaient que s’éviter ; ce qui, au passage, permettrait d’expliquer le calme d’Oswald dans le taxi de Whaley, le dépassement de son domicile, quant à lui, pouvant alors s’expliquer par le fait qu’il tenait à s’assurer que son lieu d’habitation n’était pas cerné par des effectifs de police ou par d’autres individus suspects. Pour autant, Tippit pourrait avoir été persuadé de ne pas avoir pour mission d’éliminer – ou de favoriser l’élimination – d’Oswald, mais bien de l’aider, tous deux ayant été, alors, sous le coup d'une manipulation, dans laquelle la discordance entre les horaires de rendez-vous qui leur avait été fournis se serait, là encore, inscrite en vue de leur élimination rapprochée (quasi simultanée). Ultime hypothèse : Tippit pourrait avoir eu la mission d’éliminer Oswald, aurait fait semblant d’accepter, alors même qu’il s’y refusait, et, à la suite, aurait cherché à rencontrer Oswald, dans le but de le protéger, dans les circonstances du rendez-vous prévu, alors même que celui-ci semblait échouer à avoir lieu (probablement à cause du retard d’Oswald). Auquel cas, il pourrait avoir préalablement prévu de fuir, avec lui, la ville et sans doute le pays.